L'Égypte dans l'orbite anglaise
Le 19 octobre dernier, dans la grande salle pharaonique de ce qui fut le parlement égyptien, le « bikbachi » Abdel Nasser et M. Nutting signaient l’accord sur Suez. Il s’agit d’un véritable traité d’alliance dont les conséquences affectent directement sur tous les plans l’évolution de l’Égypte.
La Grande-Bretagne n’abandonne pas Suez. Depuis 1872 ses troupes sont stationnées aux points stratégiques du pays. Par le traité de 1936, Londres s’engageait à évacuer le territoire égyptien à l’exception de la mince bande de terrain qui borde de part et d’autre le canal de Suez et se prolonge sur plusieurs kilomètres vers le sud, le long de la Mer rouge. Dans cette zone, les effectifs britanniques ne devaient pas dépasser, en temps de paix, dix mille hommes des troupes terrestres et quatre mille hommes des forces aériennes. L’escadre de la Méditerranée conservait une base à Alexandrie.
En signant ce traité au lendemain de l’intervention italienne en Abyssinie, la Grande-Bretagne se préparait à la guerre que l’on sentait venir. Il s’agissait, par la reconnaissance symbolique de la souveraineté égyptienne, de s’assurer les sympathies de l’arrière-pays en accordant une satisfaction relative à l’amour-propre des Égyptiens. Les troupes maintenues dans la zone de Suez permettaient de conserver cette dernière dans des conditions normales de marche. Les installations étaient en état de recevoir rapidement, en temps de guerre, les grandes unités d’intervention amenées des Indes ou de la métropole.
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