Il y a quelques années, l’auteur, diplômé de l’Institut de langues et civilisation orientales ainsi que de l’Institut américain de Taïwan, avait traité dans notre revue de cette question de réunification des deux Chines. Aujourd’hui, il fait le point dans cet article. Bien des événements se sont produits, mais le statu quo est toujours en place er personne ne voit comment débloquer la situation : Taïwan n’est pas Hong Kong.
Relations Chine-Taiwan : mythes et réalités (août-septembre 1998)
Depuis le milieu du XVIIe siècle, Taïwan a, épisodiquement, joué dans l’histoire de la Chine un rôle particulier, celui d’un refuge ou d’un recours. Lorsque le pirate Cheng Cheng-kung, ou Coxinga, s’installe à Taïwan en 1661, c’est avec l’intention affichée de reprendre la « grande terre » aux envahisseurs mandchous. Il avait abordé l’île au milieu des paysans du Sud de la Chine qui fuyaient la nouvelle dynastie. C’est dans le même esprit que, près de trois siècles plus tard, Tchang Kaï-chek, accompagné de ses fidèles, se réfugiait à Taïwan, construisant son pouvoir politique autour du mythe de la réunification.
Aujourd’hui, Taïwan, qui se reconnaît toujours dans le monde chinois, où elle plonge ses racines culturelles, a changé. Devenue une puissance économique et un État démocratique, elle a, à la faveur de ses contacts avec l’Occident et, grâce à son ouverture au monde, forgé ce qu’elle croit être une identité particulière en même temps qu’un nouveau mythe, celui de son indépendance. Par ce biais, elle prétend s’arracher à son passé, malgré les pesanteurs culturelles et stratégiques et en dépit des contraintes économiques qui la rattachent au continent.
Les mythes ne valent que par le crédit que les peuples leur accordent. Les nouvelles générations de Taïwanais, encouragées par les formidables progrès économiques de leur pays, rebutées par les lourdeurs idéologiques et la raideur politique qui entravent encore le développement de la Chine, ne croient plus aux perspectives de réunification dans un avenir prévisible. Quant à l’indépendance, elle constituerait une telle rupture avec le passé et serait porteuse de risques tellement considérables que rares sont les hommes politiques taïwanais qui osent l’évoquer autrement que comme un argument politique interne.
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