Institutions internationales - Serions-nous les furets de l'Otan en Europe ? - La défense européenne, enjeu politique et non militaire - L'ONU impuissante, bafouée, déconsidérée
Le mois de décembre écoulé aura offert au moraliste une savoureuse moisson. N’a-t-on pas entendu le secrétaire d’État américain, Madeleine Albright, rappeler à l’ordre l’Union européenne sous prétexte que l’Identité européenne de défense ne devait pas « saper la vitalité de l’Otan » ? Ensuite M. Butler, responsable des Nations unies en Irak, crut bon de soumettre son rapport à Washington avant de le porter à la connaissance de l’Onu. Il y eut encore les conclusions de la commission conduite par M. Quilès sur les événements d’Afrique centrale qui semblent quelque peu hypothétiques, sans oublier cette décision, annulée, des lords anglais à propos du sort promis au général Pinochet.
Quel crédit porter à de tels propos qui sont manifestement à la convenance de qui les énonce ? Or, nos institutions internationales gravitent autour de semblables rapports et c’est en fonction de leur contenu que seront prises les décisions.
Serions-nous les furets de l’Otan en Europe ?
À l’aide d’aphorismes datant de la guerre froide, les États-Unis masquent leur volonté de puissance. Quand Mme Albright affirme au Monde du 9 décembre que « l’Otan reste l’Alliance centrale de part et d’autre de l’Atlantique », précisant aussitôt qu’elle ne saurait devenir une « filiale de l’Onu », ne s’attache-t-elle pas à doter le Pentagone d’une couronne qui ne lui revient pas, sauf à s’affranchir de la suprématie de l’Onu, Organisation internationale seule comptable, à tort ou à raison, des droits universellement reconnus ? N’est-ce pas, en outre, reléguer les Alliés au statut de simples commerciaux ? Il leur reviendrait de n’être que le furet au profit de Washington, ce furet qui s’engage sous la conduite de son maître pour être ensuite dessaisi de sa proie. Dans une directive datant de 1994, le président Clinton fixe les limites de tout engagement américain en précisant qu’il ne pourrait avoir lieu que s’il « faisait progresser les intérêts nationaux américains ». On ne saurait être plus clair. C’est donc selon les termes de cette injonction qu’il nous faut analyser les entreprises de l’Otan comme celles menées par les États-Unis ici ou là, mais toujours à leur convenance.
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