Orient-Occident, le choc ? Les impasses meurtrières
Orient-Occident, le choc ? Les impasses meurtrières
Une première lecture un peu hâtive du titre nous inciterait presque à penser qu’il s’agit là d’un énième ouvrage portant sur « l’inévitable » choc qui existerait entre l’Occident et l’Orient. Il n’en est rien, même si les deux journalistes, éminents spécialistes du Moyen-Orient, ne nient pas les fossés artificiellement creusés par certains entre deux « civilisations ». S’ils sont tous deux d’accord pour rappeler que l’Occident porte une large part de responsabilité, encore entendent-ils rappeler que ce sont aussi les dirigeants orientaux eux-mêmes, ou les « pâles copies » que sont leurs héritiers, qui en sont également coupables.
Depuis des décennies en effet, le monde arabe connaît une interminable descente aux enfers. Livrée aux appétits des puissances occidentales après la Première Guerre mondiale, cette région est devenue le terrain d’affrontement de multiples rivalités.
La découverte du pétrole en Irak et en Arabie saoudite dans les années 30 a encore aiguisé les convoitises européennes et américaines ; quant à la création de l’État d’Israël en 1948, alors vécue par le monde arabe comme « la catastrophe », elle n’est toujours pas acceptée. Génération après génération, les conflits se transmettent et s’élargissent.
Aujourd’hui, nous assistons, impuissants, à l’énumération morbide des victimes et de nombreuses questions se posent. Y a-t-il une fatalité pour que les Arabes ne connaissent ni le repos ni la paix ? L’islam est-il insoluble dans la démocratie ou dans la république ? Au contraire des innombrables ouvrages sensationnels qui fleurissent dans les bacs des librairies, cette enquête sans complaisance tient son originalité première du fait qu’elle fut avant tout menée sur le terrain durant plusieurs années, au contact du quotidien, et bien souvent au plus près des maux qui ravagent la région.
Comment aurait-il pu en être autrement pour le directeur des Cahiers de l’Orient, dont le nom résonne bien au-delà du Moyen-Orient qu’il continue de sillonner inlassablement et pour le journaliste Christian Chesnot dont on se souvient qu’il vécut 124 jours de détention en 2004, en compagnie de son collègue Georges Malbrunot, alors otages de l’Armée islamique d’Irak ?
L’ouvrage de ces deux spécialistes incontestables du monde arabe, Christian Chesnot et Antoine Sfeir se veut, dès lors, une analyse clinique et complète des crises enchevêtrées du Moyen-Orient. Un examen sans complaisance, presque de conscience, pour mieux comprendre une région dont l’avenir demeure encore et toujours une des clés de notre stabilité.