Biillet - Nous ne monterons plus les chameaux dubaiotes
Qu’est-ce que Dubaï ? Le deuxième émirat des sept qui, sur la Côte des Pirates, forment par leur union un État jamais vu ? Exact ! Le champion de l’immobilier, hôtel le plus étoilé, tour babélienne narguant le Très-Haut de ses 828 mètres, résidence dont les appartements tournent sur eux-mêmes au gré des résidents, île artificielle en forme de palmier ? Sans doute ! Un pays musulman que les terroristes respectent, tout corrompu qu’il puisse leur apparaître ? Vrai ! Une société de capitalistes, riches de l’huile précieuse cachée par Allah sous leurs pieds et découverte par les pisse-debout, et qui, leur pétrole s’épuisant, continuent à entreprendre grâce au labeur d’immigrés indo-pakistanais qui considéreraient nos sans-papiers comme de paisibles rentiers ? Bien sûr ! Tout cela pourrait se résumer d’un mot : surréaliste.
Le plus beau, ou le plus laid, reste à dire. Allah a beaucoup gâté les Arabes, Il avait ses raisons. Le premier cadeau qu’Il leur fit, bien avant le pétrole, leur fut explicitement octroyé : le chameau. Les Dubaïotes ne se soucient plus guère d’élever ce noble animal, alors que le désert du Rub’ al-Khali lèche toujours de ses dunes les banlieues de leur ville. Ils en entretiennent juste ce qu’il faut pour se distraire aux courses. Nos écrans nous ont souvent montré leurs méharis montés. Un récent reportage a présenté la forme aboutie de ce divertissement. On put voir les chameaux coureurs, portant derrière la bosse une poupée de chiffons, s’élancer et courir sans personne sur le dos pour les solliciter. L’explication nous fut livrée. La poupée dissimule un « robot jockey », récepteur radio actionnant une cravache aux ordres du propriétaire qui, équipé d’un émetteur, accompagne la course en 4x4 sur une voie parallèle. Cette affreuse comédie aura désespéré les anciens méharistes, espèce dont il doit rester chez nous quelques rares spécimens conservés à grands frais. Ces vieux mécréants se souviennent des versets 5 et 6 de la sourate XVI du Saint Coran, que les Dubaïotes, à ce qu’il semble, ont oublié : « Il vous a donné les chameaux. Quand, au soir, vous les ramenez du pâturage ou qu’au matin vous les y poussez, il y a en eux de la beauté ».