Réforme de l'État et réforme de la défense
L’État occupe en France une place beaucoup plus importante que dans n’importe quel autre pays occidental. Historiquement, la nation française s’est constituée autour de l’État et le concept français d’État nation revêt une grande originalité dans le monde, même si de nombreux pays s’en sont ensuite inspirés. L’armée, depuis la Révolution française, est perçue comme inséparable de ce concept en raison des guerres auxquelles la France a dû faire face. La nation en armes défend aux frontières le pays, dont le socle est l’État.
Le développement économique, entraînant les revendications puis le progrès social, a contribué à transformer l’État gendarme en un État providence ; c’est bien cette conception du « tout État », et ses limites, qui caractérisent aujourd’hui notre société et la perception qu’en ont nos concitoyens. Les chiffres sont à cet égard significatifs : un budget de plus de 1 500 milliards de francs que l’on peut doubler en incluant celui de la protection sociale. Dans ce budget, près de 600 milliards sont consacrés à l’aide publique et aux investissements. L’État subventionne ainsi des pans entiers de l’économie et assure la protection sociale pour tous.
Toutefois, ce modèle est en crise. Comme en Suède, la crise économique, ou plutôt le retour à ce qui est peut-être une situation plus banale, par rapport à l’âge d’or des années 60, a conduit à une virulente critique de l’État ; après avoir été paré de toutes les vertus, il est voué aux gémonies. Il est ainsi désigné aujourd’hui comme le principal responsable des maux de notre société, au premier rang desquels se trouve le chômage. Par sa taille, ses rigidités, ses impotences, l’État semble incapable de s’adapter aux besoins nouveaux, aux contraintes nouvelles, et tout particulièrement à celles de l’économie pleinement ouverte sur le monde. L’exemple britannique nous est opposé pour montrer de quelle façon le rôle de l’État peut être diminué ; mais le « thatchérisme » illustre également les conséquences d’une telle purge. Comme le corps humain, le corps social souffre des effets secondaires des médications qui lui sont appliquées sans nuance.
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