Marine - Dans la Marine française : le budget 1972 - Dans la Marine britannique : commande de nouveaux bâtiments et réorganisation de la Western Fleet
Dans la Marine française : le budget 1972
Le budget de la Marine pour l’exercice 1972 prévoit 5 549,46 millions de francs de crédits de paiement (CP) contre 5 221,4 en 1971 ce qui représente une augmentation de 6,28 %.
Ces crédits de paiement représentent 17,78 % du budget total des forces armées. Ils se répartissent comme suit en MF :
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1972 |
1971 |
Différence |
Titre III (fonctionnement) |
2 488,46 |
2 460,69 |
+ 27,77 |
Titre V (capital) |
3 061,00 |
2 759,28 |
+ 301,72 |
Par grandes masses, la répartition des crédits de paiement du titre III se présente comme suit comparée à celle de l’an dernier :
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1972 |
1971 |
– Dépenses de personnel (soldes, charges sociales, alimentation, habillement, casernement, frais de déplacement) |
1 451,78 |
1 548,13 |
– Combustibles, carburants, électricité |
149,46 |
127,68 |
– Dépenses d’entretien du matériel |
833,52 |
73434 |
– Entretien du domaine de la Marine |
24,43 |
24,14 |
– Divers (logements, loyers, instruction, recrutement, redevances PTT, sports, foyers) |
25,39 |
22,32 |
– Subventions (marins pompiers de Marseille) |
3,90 |
3,90 |
Les crédits relatifs au personnel permettront d’entretenir 68 500 militaires. Bien que le personnel militaire ait été réduit d’environ 200 personnes, l’augmentation de ce chapitre est principalement due à l’accroissement des rémunérations des agents de l’État en 1972. L’ensemble des crédits de rémunération des fonctionnaires et ouvriers de la Marine (148 milliards de francs en 1971) est inscrit à la Section commune du budget. On trouve de même à la Section commune une provision pour financer la mise en application du nouveau statut des sous-mariniers. En ce qui concerne le matériel, un effort sensible, quoiqu’encore très insuffisant, sera fait en 1972 pour son entretien (99 M, dont 76 pour l’entretien des bâtiments de la flotte). En résumé, les crédits du titre III représenteront, en 1972, 44,8 % des ressources contre 47,2 % l’an dernier et 47,7 % en 1970.
Si nous examinons les dépenses en capital (titre V), nous voyons qu’elles se monteront en 1972 à :
– 3 061 MF de CP contre 2 759,28 l’an dernier, soit une augmentation de 10,9 % ;
– 3 794,5 M d’autorisations de programmes (AP) contre 3 107,7 en 1971, soit une augmentation de 22,1 %.
Les crédits de paiement de la section Marine dans le titre V du budget des Armées représentent 20,7 % contre 21 % en 1971 et 18,9 % en 1970. Sur ces crédits, ceux relatifs à la composante navale des Forces nucléaires stratégiques (FNS) se montent à 537,50 MF, soit 14,3 % des CP de la Marine.
Les 3 794,50 M d’autorisations de programme prévues au titre V représentent 20,7 % de celles relatives à l’ensemble des Armées. Elles se répartissent comme suit (toujours en millions de francs) :
– Études techniques d’armement et prototypes : 379,00
Soit : 91,5 pour les équipements, 783 pour les aéronefs, 12,7 pour le système MM-38, 45 pour les télécommunications et 40,8 pour les armes nouvelles.
– Habillement - couchage - casernement : 51,00
– Aéronautique navale - matériels de série : 524,00
Dont : 135,5 pour la fabrication d’hélicoptères Super-Frelon, 107 pour les hélicoptères des frégates et corvettes et 237 pour le programme général de rechanges.
– Transmissions - Équipement : 41,00
– Constructions, refontes et modernisations : 2 27 730
Dont : 1 024,8 pour les constructions neuves, 359,20 pour les grosses refontes et modernisations et 869,50 pour les forces nucléaires stratégiques.
– Missiles et Munitions : 330,00
Dont : 32 pour les missiles MM-38, 46 pour les munitions de la flotte, 75 pour les mines, torpilles et dragues, 58,5 pour les munitions et engins de l’aéronautique navale et 118,5 pour les missiles.
– Équipement militaire : 64,00
– Infrastructure : 128,00
Dont : 6,40 pour le Commissariat et les parcs à combustibles, 2 330 pour les bases de l’Aéronautique navale et 97,90 pour les Travaux maritimes.
Pour ce qui concerne les constructions, refontes et modernisations les AP prévues portent d’une part sur la continuation des travaux en cours, soit :
– les SNLE Le Redoutable (dernières mises au point), Le Terrible (en essais) et Le Foudroyant qui doit être lancé le 4 décembre à Cherbourg ;
– les frégates Tourville, Duquesne et F67 A3. La première sera mise à l’eau en mai 1972 ;
– la corvette Aconit qui poursuit ses essais, l’installation et la mise au point de ses derniers équipements et doit être admise au service actif au début de 1973 ;
– les 5 chasseurs de mines du type Circé.
Pour ce qui concerne d’autre part les opérations nouvelles, des AP sont prévues pour le démarrage en 1972 de la construction des unités suivantes parmi celles qui sont inscrites à la 3e loi de programme :
– le 4e SNLE L’Indomptable ;
– la première des trois corvettes type C70 (124 M) ;
– les 8 premiers des 14 avisos de 1 000 t (286 M) ;
– les 4 sous-marins de 1 200 t (94 M) ;
– 1 pétrolier ravitailleur (158 M) et les transports de débarquements nos 1 et 2.
Parmi les opérations de refontes et modernisations, il convient de citer l’achèvement des travaux sur le Colbert qui, en principe, doit reprendre la mer en octobre prochain pour ses premiers essais, la refonte anti-sous-marine (ASM) de l’escorteur Duperré, la modernisation des sous-marins classe Daphné, la reconstruction du sous-marin Galatée consécutive à son échouage en août 1970 et la mise à jour des équipements électroniques et des armes d’un certain nombre d’unités.
Dans la marine britannique : commande de nouveaux bâtiments et réorganisation de la Western Fleet
Pour aider l’industrie navale en difficulté, le gouvernement britannique a, malgré l’opposition des financiers, décidé de lancer le plus important programme de constructions neuves depuis la guerre. Il porte sur :
– 2 destroyers lance-missiles surface-air et surface-surface type 42 de 3 600 t à 12 M de livres l’unité. Cette commande porte à 6 le nombre de bâtiments de ce type en achèvement à flot, en construction ou sur le point d’être mis sur cale dont le Sheffield prototype de la série, le Birmingham et le Coventry ;
– 4 frégates de 2 500 t à vocation anti-surface et antiaérienne (AA) type 21 à 8,5 M£ l’unité. Quatre unités de la série sont déjà en construction dont l’Amazon, l’Active et l’Antelope ;
– une série de bâtiments auxiliaires (petits pétroliers, remorqueurs, allèges, gabares, etc.) dont le détail n’est pas connu. Ces bâtiments seront commandés aux chantiers de la Clyde pour résorber le chômage dans cette région.
Le total de ces diverses commandes se montera à 70 M£, étalé sur les trois prochaines années (ce qui laisse un peu moins de 12 M pour les bâtiments auxiliaires).
Cette décision du gouvernement britannique en faveur des bâtiments de surface a été bien vue par les milieux de la Navy bien qu’elle ait déçu les sous-mariniers qui auraient souhaité que l’on accélérât la construction des sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) (1). Elle illustre la volonté du Haut commandement de conserver à la Royal Navy son caractère équilibré. Il est intéressant à cet égard de constater l’effort en faveur des bâtiments AA du type 42, effort rendu nécessaire par la disparition de l’aviation à aile fixe embarquée, consécutive au retrait en fin de décennie de l’Ark Royal, le dernier porte-avions de la Royal Navy. Ce type de bâtiment doit être remplacé, comme on sait, par une série de croiseurs de 18 000 à 20 000 t équipés d’un pont d’envol continu pour hélicoptères et avions d’interception à décollage vertical ou court. Mais ces derniers aéronefs auront des performances moindres que celles des intercepteurs classiques et surtout seront moins nombreux que ceux embarqués sur un véritable porte-avions ; c’est pourquoi la Royal Navy est obligée, pour faire face à la menace aérienne toujours omniprésente, de lancer un programme plus important que prévu de destroyers lance-missiles AA d’un prix élevé. C’est là la coûteuse conséquence de la politique d’économie sur les porte-avions voulue par les Travaillistes et que n’a pu rattraper le gouvernement de Mr Heath.
Dans le cadre de la réorganisation des grands commandements poursuivie depuis quelques années, la Far East Fleet a été dissoute le 1er novembre 1971 et toutes les forces navales britanniques, y compris celles qui continueront à opérer en Extrême-Orient, regroupées sous la dénomination The Fleet et placées sous un unique commandement, le Commander in Chief Fleet. Le poste a été confié au CinC Western Fleet dont la juridiction s’étendait déjà à l’Atlantique, la Méditerranée et une partie de l’océan Indien et qui dirigera toutes les opérations à partir du PC de Northwood. Les commandements à la mer sont désormais exercés par :
– le Flag Officer Carriers and Amphibious Ships (FOCAS) qui a sous ses ordres les porte-avions Ark Royal et Eagle, les porte-hélicoptères d’assaut Albion et Bulwark (remplacé à partir de 1975 par l’ex-porte-avions Hermes), les bâtiments d’assaut amphibies Fearless et Intrepid et toute l’aviation embarquée ;
– le Flag Officer First Flotilla basé à Portsmouth et Chatam ;
– le Flag Officer Second Flotilla basé à Plymouth et Rosyth.
Chacun de ces deux derniers officiers généraux aura sous ses ordres une division de destroyers lance-missiles et plusieurs divisions d’escorteurs (ce que les Britanniques appellent « frigates »).
Rien n’est changé en ce qui concerne :
– le Flag Officer Submarine (FOSM) qui exerce par délégation le commandement des sous-marins ;
– le Flag Officer Naval Command (FONC) chargé de l’entraînement, du matériel et des bases de l’aviation navale ;
– le Flag Officer Sea Training chargé de l’entraînement.
Rappelons pour terminer que toutes les installations de la Marine en métropole ont été regroupées ces dernières années sous l’autorité du « CinC Naval Home Command ». Son chef dont le PC est à Portsmouth est responsable de ce qu’on pourrait appeler le « Shore Establishment de la Navy » (ports, arsenaux, écoles, centres d’entraînement, etc.). Ses grands subordonnés à Rosyth, Plymouth ou ailleurs, cumulent dans leur compétence géographique les responsabilités qui incombent dans notre marine au commandement militaire et aux directions locales des arsenaux et services. ♦
(1) À noter que la Royal Navy n’en disposera pas moins de 13 SNA en 1980.