Marine - Le nouveau concept de base navale
En créant les bases navales outre-mer, la marine a entrepris une démarche d’harmonisation et de rationalisation du dispositif de soutien à terre de ses bâtiments. Après avoir rappelé la genèse de ce dispositif qui trouve ses fondements dans le plan Armées 2000, seront présentés les bases navales, les bénéfices escomptés de leur création, ainsi que l’extension possible de cette notion à la métropole.
Genèse
Le plan Armées 2000 a affirmé la priorité donnée aux forces opérationnelles. Pour cela, il s’est articulé autour de trois axes majeurs : rendre une véritable autonomie administrative aux services de soutien, leur permettant ainsi d’avoir une approche globale de leur mission sous l’autorité de leur directeur central ; harmoniser les règles d’administration courante et de soutien des différentes armées ; favoriser la cohérence interarmées par un redécoupage territorial et la création d’instances interarmées de coordination que sont les comités interarmées régionaux.
L’année suivant la promulgation du plan Armées 2000, la marine a entrepris une réforme de grande ampleur, baptisée Optimar. Elle concerne principalement le regroupement de ses forces métropolitaines et la création de commandements organiques spécialisés, afin d’adapter son organisation à celle de la défense.
En 1995, une réforme du commandement interarmées permanent outre-mer a été lancée et a abouti à la définition par l’EMA, en novembre 1996, d’une nouvelle organisation. Cette réforme a confirmé les attributions opérationnelles des commandants supérieurs des forces armées (Comsup) et organiques des commandants de la marine outre-mer (Comar). À ce titre, la responsabilité de ces derniers dans la mise et le maintien en condition des bâtiments placés sous leur autorité est réaffirmée.
Conjointement à cette réforme du commandement outre-mer et dans un souci de rationalisation entre les armées, une interarmisation accrue des soutiens dits non spécifiques est systématiquement recherchée. Cette mesure se traduit principalement par la création de directions de commissariat à vocation interarmées et de directions mixtes des travaux. Parallèlement, la marine devra prochainement retirer du service ses bâtiments de soutien mobile (BSM) qui lui permettaient jusqu’alors de s’affranchir, dans certaines zones, de la présence d’ateliers fixes au profit des bâtiments stationnés ou basés. Aussi, au printemps 1997, la décision est-elle prise de créer systématiquement des bases navales dans les départements et territoires d’outre-mer. Les trois premières, à Papeete, Nouméa, Dégrad-des-Cannes existent depuis le printemps 1997 alors que celles de la Réunion et de Fort-de-France, qui disposent encore d’un BSM affecté, seront créées à l’été 1998.
Les bases navales
Succédant aux unités marine outre-mer, les bases navales fédèrent en une seule entité l’ensemble des organismes de soutien à terre. Elles excluent les services de transmissions, à vocation opérationnelle, qui font l’objet d’une interarmisation progressive. Ces bases navales sont structurées de manière similaire, même si leurs effectifs varient actuellement de 30 à plus de 150 militaires.
Placée sous les ordres d’un officier supérieur de la marine, la base navale a pour mission principale d’effectuer la maintenance intermédiaire des bâtiments basés ou de passage dans le port (à l’exception de celle de Dégrad-des-Cannes) et le soutien spécifique de tous les éléments opérationnels de la marine, qu’ils soient navals, aériens ou terrestres, et basés, en renfort ou de passage. En outre, la base navale participe au soutien des autres armées dans certains domaines techniques qui lui sont attribués localement comme, par exemple, celui du matériel nautique.
La généralisation des bases navales, selon un seul modèle, permet de disposer, tant pour les éléments de force maritime que pour ses autres « clients » interarmées, d’un interlocuteur unique et connu pour le soutien ou la maintenance. De plus, la taille des bases navales devrait favoriser la professionnalisation et l’intégration de civils, démarches qui auraient été moins aisées dans la structure précédente en raison de la multiplicité et de la faiblesse des effectifs des différents organismes. Enfin, des gains de productivité significatifs sont attendus de cette professionnalisation et de cette concentration des moyens.
L’extension à la métropole
Cette notion a déjà été partiellement expérimentée en métropole. En effet, en 1995, l’unité marine Lorient a été créée en fusionnant en son sein de nombreux organismes (centre automobiles, direction du port…) effectuant des missions de soutien au profit soit des bâtiments en armement ou en réparation à Lorient, soit des autres formations de la marine implantées dans le port militaire. Cependant, la notion de base navale n’a été que partiellement appliquée, certains organismes de soutien, tels que le centre administratif de la marine, subsistant en tant qu’entité indépendante.
L’étude de l’extension de cette notion à d’autres ports métropolitains est en cours ; elle est confrontée à un problème de définition du seuil critique au-dessus duquel la corpulence de la base navale présenterait plus d’inconvénients que d’avantages en ce qui concerne le soutien.
Conclusion
La professionnalisation et le format futur de la marine, prévus par la loi de programmation 1997-2002, imposent à la marine de réformer son organisation, notamment dans le soutien. Dans ce dernier domaine, la création des bases navales outre-mer participe à la rationalisation de ce format.
La notion de base navale ne remet pas en cause les prérogatives des services de soutien de la marine (commissariat de la marine, travaux immobiliers et maritimes…) qui, conformément à la réforme Armées 2000, restent autonomes pour leur organisation.
Il est encore trop tôt pour préjuger de l’extension de cette notion à la métropole. Cependant, le retour d’expérience de cette nouvelle organisation du soutien outre-mer sera déterminant pour l’évolution de celle existant en métropole. ♦