Coloniale
Les événements internationaux, survenus au cours de ces derniers mois, ont raffermi les liens qui unissent désormais la Grande-Bretagne et la France. On a enregistré, durant cette période, des échanges de vue fréquents entre le chef du Foreign Office et notre ministre des Affaires étrangères, notre Président du Conseil a rencontré le Premier Anglais, les représentants les plus qualifiés des deux armées de terre et de l’air et des deux flottes ont eu de nombreux entretiens. Ces contacts nécessaires ont permis de jeter les bases d’une collaboration plus étroite sur le plan diplomatique, comme sur le plan militaire, aérien et naval. Il ne s’agit point là d’une initiative heureuse et entièrement nouvelle, puisque les deux grandes démocraties de l’Ouest reprennent simplement une tradition qui remonte au début du siècle, aux jours de l’Entente Cordiale ; mais les illusions de l’après-guerre l’avaient un peu fait oublier. Cette coopération se traduit actuellement par des manifestations tangibles, comme la conférence franco-anglaise, militaire et navale, qui vient de réunir à Singapour les chefs des forces britanniques et françaises dans les terres et sur les eaux du Pacifique. Ainsi s’affirme le principe d’une alliance qui s’étendrait, en cas de besoin, à tous les théâtres d’opérations.
Il faut s’attendre, en effet, à ce que les conflits futurs englobent tous les territoires coloniaux, qui sont également visés. C’est pourquoi il convient d’attacher une importance particulière à la visite que M. Malcolm MacDonald, secrétaire d’État aux Colonies, a faite le 19 juin à M. Georges Mandel, ministre des Colonies. Profitant de son passage à Paris, alors qu’il se rendait à Genève pour assister à la session de la Commission permanente des Mandats, le ministre britannique a tenu à s’entretenir officiellement avec son collègue de la rue Oudinot. Certes, ce n’est pas la première fois qu’un tel événement se produit, mais, en général, la démarche était plus discrète. Il y a quelques années, un prédécesseur de M. Malcolm MacDonald, M. L. S. Amery était venu incognito se documenter, à titre personnel, sur l’organisation et le fonctionnement de nos services coloniaux. C’était une simple démarche d’information.
La visite du 19 juin revêt un tout autre caractère. On peut penser qu’elle a eu pour but principal de coordonner l’effort défensif de l’Angleterre et de la France dans le domaine colonial et d’assurer leur collaboration étroite dans l’étendue des deux empires. Les événements d’Extrême-Orient, les menaces qui pèsent sur plusieurs territoires africains obligent les Gouvernements de Londres et de Paris à témoigner d’une égale vigilance au-delà des mers, et à se tenir prêts, le cas échéant, pour une action commune analogue à celle qui est prévue en Europe.
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