Les conditions atmosphériques exceptionnellement rudes ont nettement ralenti l’activité des opérations sur le front du Nord-Est au cours du mois de janvier. La neige, le gel, le verglas, la baisse de la température qui a atteint, dans certaines régions, 30° au-dessous de zéro, l’interruption partielle des communications routières, ferroviaires et fluviales qui en est résulté, n’ont permis que des actions de peu d’envergure.

Nos patrouilles ont pu cependant procéder à de profondes reconnaissances, organiser des embuscades, capturer des prisonniers et surtout recueillir des observations intéressantes rendues particulièrement fécondes par la netteté des traces laissées sur la neige.

En Finlande, malgré des conditions matérielles encore plus défavorables, la lutte s’est poursuivie avec opiniâtreté, confirmant de nouveau les magnifiques succès de l’armée finnoise. Les opérations militaires y ont toutefois revêtu un caractère plus statique mais non moins violent qu’au cours du mois de décembre. La contre-attaque finlandaise annoncée dès le 15 décembre s’est poursuivie dans les premiers jours de janvier. Elle a obtenu, notamment dans les régions de Suomossalmi et de Salla, des résultats importants, marqués par la capture d’un grand nombre de prisonniers soviétiques. Elle a abouti aussi à la reprise de Kursu et à la victoire de Raate qui a conduit les Finnois en territoire soviétique et dégagé Oulu.

La situation s’est, dans l’ensemble, stabilisée, sans modification sensible des positions des deux adversaires. La ligne fortifiée qui défend l’isthme de Carélie reste inviolée, malgré les assauts meurtriers dont elle est quotidiennement l’objectif, la région du Nord du Lac Ladoga est le théâtre d’opérations méthodiques de nettoyage par encerclement, Petsamo est toujours aux mains des troupes soviétiques.

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Le Comité de Rédaction de la Revue des Questions de Défense nationale croit devoir signaler à ses lecteurs les lignes prophétiques suivantes parues le 1^er avril 1939 dans le Nord, revue internationale des pays du Nord (Danemark, Finlande, Islande, Norvège, Suède), sous la signature du colonel Aksel Fredrik Airo, secrétaire du Conseil de la Défense de Finlande. Elles montrent que ce noble pays a vu venir de loin le danger redoutable qui menaçait son indépendance et s’est préparé à y faire face avec une volonté calme qui ne peut qu’augmenter encore l’admiration des peuples libres et les inciter à suivre son exemple.

« Une vingtaine d’années seulement se sont écoulées depuis la fin du gigantesque combat qui mit aux prises les grandes puissances, et pourtant, de nouveau, l’atmosphère politique est chargé d’électricité, et de gros nuages d’orage ne cessent de s’accumuler à l’horizon. Il semble que les blessures de la Grande Guerre se soient vite cicatrisées. La force commence de nouveau à jouer un rôle prépondérant dans la solution des questions internationales. Il n’est pas possible de prévoir dans quelle mesure et de quelle manière les nuages qui menacent l’Europe s’étendront sur la Finlande. La Finlande sait que, malgré sa situation éloignée, les grands événements de son histoire se sont toujours trouvés reliés d’une façon ou d’une autre aux tourmentes d’une politique qui lui était étrangère. Il peut en être ainsi de nouveau dans l’avenir. Mais quelles que puissent être les circonstances, la situation sera cette fois pour la Finlande différente de ce qu’elle a toujours été. Une Finlande indépendante peut, pour la première fois, se préparer à soutenir les épreuves que l’avenir pourrait lui imposer malgré elle. Le peuple finlandais a pleinement conscience que le sort de son pays dépend de la préparation de sa défense. En même temps, la Finlande garde sa confiance inébranlable dans son avenir et dans son droit d’existence en tant que nation. C’est à cause de cette conviction qu’elle a consentie à tous les sacrifices qu’il lui faut accomplir pour sa défense nationale. Nous avons, en effet, donné dans cet exposé des exemples des sacrifices que le pays a dû accepter. Il faut également noter, dans cet ordre de choses, un programme d’armements d’environ 3 milliards de marks qui est sur le point d’être réalisé. Le peuple finlandais veut prouver par des actes, et non par des paroles, qu’il considère comme son devoir de veiller à sa propre sécurité. Il veut aussi montrer au monde sa sincère et ferme volonté de vivre. » ♦