Économique
L’accession au pouvoir du Labour Party va conduire l’Angleterre à une expérience socialiste. À la fin d’un conflit d’où tous les pays sortent profondément bouleversés, chacun sent, en effet, la nécessité d’un contrôle, voire d’une direction par l’État des forces économiques pour la reconstruction et le retour au bien-être. Si la situation de chaque pays est évidemment particulière, certains principes d’action peuvent être considérés comme valables en tout lieu et nous avons certainement intérêt à étudier le programme du Parti travailliste. Les problèmes qui se posent en Angleterre sont en effet voisins de ceux qui se posent en France, il faut reconstruire et développer la production.
Le Parti travailliste, dans sa déclaration du 26 juillet 1945, affirme d’abord sa volonté de maintenir la liberté, en veillant cependant à ce qu’elle ne permette pas l’exploitation du peuple dans un but égoïste de profit individuel. Il veut porter à son maximum le standard de vie du peuple anglais et son programme peut se résumer en trois points : du travail pour tous par l’exploitation intégrale de toutes les ressources de la nation, reconstruction, extension de la législation sociale et organisation de l’éducation du peuple. Les nationalisations d’entreprises dans le cadre de la politique de « pleine occupation » (full employment) ne sont pas envisagées pour l’avenir immédiat et les Travaillistes sont même prêts à résister à tout effort de l’extrême gauche tendant à les faire passer au premier plan. La reconstruction et la réadaptation de l’économie aux productions de paix paraissent en effet, à juste titre, constituer les tâches les plus urgentes.
Il faut d’abord assurer à tous du travail, et, pour cela, pousser la production à son niveau maximum, sans craindre la surproduction ni la crise ; celle-ci résulte au contraire de la sous-consommation que l’on doit éviter par une répartition équitable des résultats de la production (on reconnaît ici la vieille thèse socialiste). Il importe donc d’avoir des salaires élevés et des impôts pesant davantage sur les gros revenus. Toute répercussion éventuelle sur les prix de la politique de hauts salaires sera jugulée par un contrôle sévère des prix des denrées indispensables.
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