Trois études
C’est une heureuse idée qu’a eu la Société d’Éditions Berger-Levrault, que de réunir en un seul volume trois études de Charles de Gaulle. Elles sont présentées dans un ordre chronologique. « Le rôle historique des places fortes françaises » avait paru dans la Revue Militaire française du 1er décembre 1925. C’est une étude qui constituait, en même temps qu’une évocation très vivante, une analyse précise, destinée à présenter nettement les problèmes à résoudre par la France, quand elle voudrait réaliser, enfin, le barrage des voies classiques d’invasion, l’établissement d’une deuxième ligne de défense entre la capitale, et les frontières, et mettre cette dernière à l’abri d’un coup de main.
« La mobilisation économique à l’étranger » avait été confiée à la même Revue Militaire française, du 1er janvier 1934. L’auteur y avait trouvé l’occasion de présenter, dans un dessein non seulement spéculatif, mais pratique, l’expérience d’autres États importants : Amérique, Italie, Belgique. Quand, dans une sorte de vision prophétique, il concluait cet article en soutenant que les événements devaient, à bref délai, appeler l’attention publique sur la mobilisation nationale et que tout se tient dans le domaine de la Défense nationale, Charles de Gaulle ne pensait certainement pas uniquement à la Belgique.
Enfin, le 1er juin 1935, il exposa dans un article de la Revue hebdomadaire intitulé : « Comment faire une Armée de Métier ? » les moyens grâce auxquels le pays aurait pu réaliser, il y a dix ans, la création du corps spécialisé, instamment réclamé par le grand théoricien militaire.
Sans avoir, dans son œuvre, l’importance capitale de ses autres livres, notamment Vers l’Armée de Métier ou La France et son Armée, ces Trois Études révèlent les mêmes hautes qualités de pensée lucide et réalisatrice. Ce petit livre contient, en outre, publié in extenso, le mémorandum adressé par le colonel de Gaulle aux généraux Gamelin, Weygand, Georges, à MM. Daladier et Reynaud. C’est comme un cri d’alarme passionné, malheureusement in extremis, à l’adresse de tous ceux qui n’avaient voulu ni voir, ni comprendre à temps.