Sur une base de fiction énergétique, l’auteur développe trois scénarios liés à la maîtrise de la fusion nucléaire comme mode de production d’énergie électrique capable de prendre la relève progressive des énergies fossiles au XXIe siècle. Cette mise en perspective montre les bouleversements stratégiques que provoquerait celle-ci.
Iter ou le bouleversement du monde
ITER and world chaos
ITER is the International Thermonuclear Experimental Reactor: the author here develops three scenarios linked to the control of nuclear fusion as a method of producing electrical energy that could take over from fossil fuels in the twenty-first century. His exposé shows the likely strategic disarray that might result.
Nombre d’inventions ou découvertes ont bouleversé l’histoire de l’humanité à jamais. Qu’en sera-t-il d’Iter (1) ? Iter est un programme international conduit par une organisation internationale créée en 200 (2) dont l’objectif premier est la maîtrise de la fusion nucléaire, c’est-à-dire d’une réaction physique identique à celle du soleil et de toutes les étoiles en général (3) afin de produire de l’électricité. Dans cette perspective, le projet Iter prévoit de construire un prototype de tokamak. Il s’agit aussi de définir les modalités de réalisation d’un réacteur nucléaire expérimental Demo d’une puissance de 1 500 MW par confinement magnétique (4). Cette technique vise à créer un champ magnétique isolant le magma de la paroi interne du tokamak afin de prouver la faisabilité industrielle de la production d’électricité par la fusion nucléaire. La difficulté n’est donc pas la maîtrise du processus menant à la fusion, un chemin critique déjà maîtrisé dans les armes nucléaires (Bombe H). Elle tient au fait qu’à la différence d’une tête nucléaire dont la vocation est d’exploser sans contrainte d’espace pour détruire, car c’est sa finalité, une centrale nucléaire électrogène par fusion a vocation, à produire une source de chaleur domestiquée dans un milieu confiné.
Voici une prospective de ce projet, en trois scénarios, à partir d’un postulat relevant de la fiction.
Postulat initial des scénarios-fictions Iter
Le programme Iter est arrivé à son terme avec succès grâce à une dotation financière exceptionnelle versée en raison de tensions internationales causées par l’arrivée au pouvoir de partis islamistes dans nombre de pays exportateurs de pétrole (Libye, Algérie et certains Émirats du golfe Persique). Or, une coalition islamique dénommée l’Union des Pays islamiques producteurs de pétrole (UPIPP), parallèle à l’Opep, s’est formée afin de contraindre les pays occidentaux à payer plus cher les énergies fossiles, à laquelle s’est associée l’Iran en 2013 puis l’Irak en 2014. L’augmentation des prix de ces énergies aggrave les crises économiques et financières des pays occidentaux, crises accrues en Europe par le refus persistant de l’Allemagne de faire prendre en charge les dettes publiques par la Banque centrale européenne (BCE). Certains pays, comme l’Espagne, l’Italie, le Portugal, l’Irlande et la Grèce (dont le plan de sauvetage a échoué) ont décidé de s’unir pour créer une monnaie commune l’« eurosud » appuyée par la création de la Banque centrale du Sud de l’Europe (BCSE). Seule l’Allemagne tire son épingle du jeu grâce à sa spécialisation économique : ses exportations prospèrent, sa balance des paiements est positive et son économie n’est pas affectée par l’« euromark » fort. Tous les autres pays de l’Union connaissent, à des degrés divers, la récession accentuant leur endettement, un chômage structurel et un déficit de la balance commerciale important. Les révoltes populaires font craindre des mouvements révolutionnaires. La situation européenne a un fort impact sur l’économie américaine (baisse de ses exportations), une situation compensée cependant par le « nouveau contrat de partenariat durable » lancé par le président Obama, réélu en décembre 2012, en direction des pays de l’Amérique du Sud (Brésil, Argentine…) et favorable aux échanges inter-Amériques et par le dollar, en tant que monnaie d’échange international et de réserve, qui jouit de la confiance et se maintient malgré l’endettement abyssal des États-Unis. En Extrême-Orient, la récession européenne est compensée par une croissance régionalement centrée autour de la République populaire de Chine (RPC) qui profite de ses fonds souverains pour lancer un plan public d’investissement interne et externe à sa périphérie, notamment en Mongolie, au Vietnam, en Corée du Sud, au Japon mais aussi dans certains pays énergétiquement stratégiques tels que l’Iran, l’Irak, l’Algérie. La Chine poursuit aussi sa politique de troc (matière première contre industries ou équipements collectifs clefs en mains) avec certains pays en développement, notamment, africains, riches de leurs sous-sols. La Russie, dont Poutine est redevenu président en 2012, développe un programme quasi autarcique de ré-industrialisation (armements et électronique grand public) bénéficiant d’une réserve monétaire non négligeable grâce à ses exportations de pétrole et de gaz à destination des pays d’Europe dont la dépendance est forte à l’Est.
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