La déconstruction de l’ordre nucléaire stratégique et celle de l’ordre électronucléaire sont en route sous l’effet d’un climat abolitionniste et de graves accidents techniques. Comment leur substituer des systèmes produisant les mêmes effets que ceux qu’offre aujourd’hui encore l’usage de l’atome ? Selon l’auteur, le statu quo s’impose.
Trajectoires nucléaires
Nuclear trajectories
Dismantling of the entire system of nuclear power—both as weapon and generator of electricity—is underway in a climate of abolition and serious technical accidents. How can we replace it by systems that offer the same effectiveness as nuclear power continues to do today? The author believes the status quo should remain just that.
Les temps actuels semblent à la déconstruction stratégique de l’ordre ancien, qu’il soit financier, économique et social ou technique, politique et stratégique. Cette déconstruction s’opère au rythme d’une globalisation générale des échanges et d’une fonctionnalisation des procédures qui libère les énergies en abolissant les barrières. Elle préjuge d’un accordement final des sociétés du monde dans une occidentalisation globale de leurs structures (1).
En Europe, la dénationalisation des défenses a été opérée par l’Otan à qui était assignée cette tâche et qui l’a conduite à son terme avant la fin de la guerre froide ; quant à la compétition nationaliste, elle a été jugulée par la Commission européenne qui a procédé à la communautarisation des matières stratégiques, la dérégulation des marchés et promu la libre concurrence comme vecteur de prospérité et de paix. Les sociétés européennes se sont alors homogénéisées sous l’effet conjugué du marché unique, d’Erasmus, de Schengen et de tous les systèmes de convergence mis en place par critères interposés. Cette dynamique générale qui reléguait volontiers les États au second plan, n’a pas pour autant établi des structures collectives efficaces, pas plus dans l’Europe de la défense que dans l’Eurozone ou l’Europe sociale. Mais elle a fait la part belle aux idéologies, parrains, lobbies, « corpos » et autres relais de pouvoir, la plupart du temps extérieurs, poursuivant des objectifs propres sans le bénéfice de la légitimité démocratique que confère l’intérêt commun. Les tuteurs, médias et marchés ont pris l’habitude de dicter leur loi et leurs priorités à l’action publique des pays européens.
L’ordre westphalien s’est estompé (2) et l’État, tiraillé de contradictions, s’est affaibli (3).
Il reste 90 % de l'article à lire
Plan de l'article