L’arrivée au pouvoir de partis se réclamant d’un islam modéré met les sociétés d’Afrique du Nord au défi de la modernisation politique, économique et sociale. Et c’est la place de la religion musulmane dans l’État moderne qui sert d’indicateur de l’ampleur de la réforme en cours. Examinée finement sous l’angle juridique, elle révèle un jeu politique somme toute assez classique.
Partis islamiques et questions constitutionnelles dans les « Printemps arabes »
Islamic parties and constitutional questions on the Arab Spring
The accession to power of political parties claiming to support moderate Islamism is facing African societies with political, economic and social modernisation. The very fact of the Muslim religion in a modern state is indication of the extent of the reforms underway. By examining the issue from a legal point of view, the author reveals a political game which remains as conventional as ever.
Le peuple révolutionnaire n’est pas celui des urnes. Les « Printemps arabes », qui ont surpris les analystes, réservaient une seconde surprise après celle des révolutions. Ils préparaient l’accession au pouvoir, par la voie d’élections compétitives, de partis islamiques qui ne furent pas des acteurs de premier plan – et c’est le moins que l’on puisse dire – des mouvements de contestation politique porteurs de ces « Printemps arabes ». La surprise a deux conséquences directes : en interne, un sentiment de dépossession qui saisit ceux qui ont porté la contestation ; à l’extérieur, une levée des inquiétudes dans le monde occidental sur l’issue du processus, tant au regard de son orientation démocratique que de l’avenir de ses relations avec les États de la région.
Ces inquiétudes sont-elles justifiées ? Le changement des hommes (des gouvernants) induit-il un changement de régime de nature à mettre en cause les aspirations démocratiques dont les contestations politiques étaient porteuses ou même les acquis antérieurs en matière de droits fondamentaux ? En d’autres termes, quelle est la nature des programmes et des intentions des partis islamiques sur les questions institutionnelles et les régimes de droit ? Vont-ils « islamiser » le droit en vigueur et les institutions publiques et quelle sera la portée de cette islamisation au regard des standards démocratiques ?
L’interrogation vient tant de l’intérieur, les autres composantes de la société nationale (libéraux, séculiers ou laïques), que de l’extérieur, redonnant quelque force à l’antienne du monde occidental face au péril islamique.
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