Dans cette deuxième livraison, l’auteur expose le piège centre-asiatique qui pourrait se refermer sur les forces de l’Otan du fait de leur dépendance d’approvisionnement logistique. Car une afghanisation générale de l’Asie centrale se développe selon les deux axes de la drogue et du terrorisme qui se sont renforcés mutuellement. La stabilisation de la zone semble compromise.
Afghanistan : danger de mort ! (2/3)
Afghanistan: Deadly danger!(2/3)
In this second essay, the author exposes the Central Asian trap which risks snaring NATO forces by virtue of their dependence on logistic supply. A generalised ‘Afghanisation’ of Central Asia is developing along two lines—drugs and terrorism—which are mutually supporting. Hope of stabilisation of the area seems well and truly compromised.
Dans la première partie de cet article, parue dans le numéro de janvier de la Revue Défense Nationale, nous avons insisté sur la nécessité pour la Fias (Force internationale d’assistance et de sécurité, ISAF en anglais) de quitter sans tarder l’Afghanistan, en particulier sa partie pachtoune devenue incontrôlable sous l’effet du trafic de drogue et de la guérilla talibane. Nous démontrons ici combien l’Asie centrale peut être menacée par l’insécurité afghane et la gangrène de la drogue si nous laissons l’évolution actuelle se poursuivre. Cette région au très riche potentiel, devenue l’unique porte de sortie pour notre corps expéditionnaire est donc à sécuriser à tout prix. Cela nous permettra, dans une troisième livraison, de montrer comment être solidaires de la Russie et des pays du Turkestan dans la lutte qu’ils devront entreprendre contre le terrorisme et la drogue, nos ennemis communs.
Le piège centre-asiatique
À l’inverse du Pakistan, adepte du double jeu entre les États-Unis et les taliban, tous les pays d’Asie centrale ont clairement soutenu, dès l’automne 2001, l’intervention américaine en Afghanistan : le Kyrgyzstan a mis l’aéroport de sa capitale – la base de Manas – à la disposition des armées américaine et française pendant que l’Ouzbékistan accordait les aéroports de Karchi-Khanabad aux États-Unis et de Termez à l’Allemagne. Le Tadjikistan, de son côté, acceptait l’installation d’une base de transit française à Douchanbé. Le Kazakhstan et même le Turkménistan malgré sa neutralité, ont servi de zones de transit. Vladimir Poutine, premier président à offrir son aide aux États-Unis (1), après l’attaque du 11 septembre, a fermé les yeux sur cette intrusion manifeste de l’Occident dans le pré carré russe.
Par la suite, toute l’Asie centrale, à partir de 2009, s’est mise à participer au « Réseau de distribution Nord » (RDN) de l’Otan, acceptant aux côtés de la Russie, un transit par voie terrestre, de l’Europe à l’Afghanistan, de fret non militaire qui atteignait, en novembre 2011, 52 % des besoins du corps expéditionnaire. Sont concernés non seulement les pays d’Asie centrale – y compris, semble-t-il, le Turkménistan parfois traversé par des convois transitant du port de Turkmenbachi à Kouchka – mais aussi la Lettonie (porte d’entrée sur la Baltique), la Turquie et la Géorgie (portes d’entrée sur la mer Noire), l’Azerbaïdjan (porte de sortie sur la Caspienne) et, bien sûr, la Russie. Cela correspond à deux axes vers l’Asie centrale, l’un passant par la Russie, l’autre, encore virtuel, par la Transcaucasie et la Caspienne (2).
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