L'importance du facteur « moral » dans le complexe Armée-Nation
Les guerres modernes, malgré leur aspect essentiellement scientifique, ne peuvent plus ignorer l’importance des hommes et de leur moral dans le pays tout entier. Tout le monde est d’accord sur la nécessité pour l’Armée et la Nation de s’unir autour d’un même sentiment national. Les forces armées n’ont d’efficacité que si, intimement soudées à la nation, elles s’appuient sur un « front de production » et un « front psychologique » invulnérables. Toute organisation d’ensemble qui n’accorderait pas au facteur moral une place primordiale ou qui tendrait à séparer l’Armée de la Nation, compromettrait le sens même de la Défense Nationale et aboutirait inévitablement à un désastre militaire.
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On pouvait, jadis, dans un conflit, se permettre de négliger l’intérieur du pays. Il ne fournissait aux formations combattantes, qu’une faible partie de sa population, il souffrait peu de la guerre si la zone de bataille ne se confondait pas avec le sol national et ses relations demeuraient assez précaires avec son armée. Aujourd’hui, le développement inouï de la technique a tout changé : la réaction réciproque entre les deux éléments — Nation-Armée — est à la fois instantanée et violente. La guerre, affreusement totale, s’étend désormais au pays tout entier. Elle réclame le concours de toute la population sans exception : savants, techniciens, soldats, ouvriers, paysans, hommes, femmes, de toutes conditions et de toutes professions. Les notions de « couverture », d’« avant », d’« arrière », de « front continu », sont depuis longtemps dépassées. Toutes les régions sont également exposées. Tout est potentiel militaire : l’arme atomique, les transports, la production, l’alimentation.
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