Afrique - Les pays de la « ligne de front » (suite) - Prochainement, une nouvelle constitution en Haute-Volta
Des informations récentes permettent d’affiner une analyse précédente qui concernait la situation des pays de la « ligne de front » et les facteurs pouvant influencer le comportement de ceux-ci à l’égard de l’Afrique du Nord.
En Angola, trois événements méritent d’être relevés et soulignés. Premièrement, la direction du Parti unique a été réaménagée, une nouvelle fois, le 12 avril 1983, pour éliminer les directeurs qui n’approuvaient pas la ligne définie par le président Dos Santos ou qui s’étaient avérés peu compétents : Mme Ruth Lara a dû quitter la direction des cadres, ce qui semble prouver que l’action entreprise a un caractère éducatif et n’aura pas des effets immédiats sur la politique gouvernementale. Deuxièmement, l’UNITA (Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola), en mal de publicité, a capturé dans la province de Benguela, à presque 2 000 km de ses bases, 64 coopérants tchécoslovaques et 20 Portugais. L’opération poursuivait un objectif de propagande ; ce but fut en partie atteint puisque le pape Jean-Paul II est intervenu pour la libération des prisonniers et que l’UNITA, non sans une certaine ironie, a proposé d’échanger une femme médecin tchécoslovaque contre le docteur Augoyard, interné en Afghanistan, et de céder un nombre à préciser d’autres captifs contre 7 mercenaires britanniques détenus par Luanda (capitale de l’Angola) depuis 1977. Troisièmement, alors que l’on croyait les maquis du FNLA (Front national de libération de l’Angola) démantelés depuis que le Zaïre avait renoncé à soutenir M. Roberto Holden, un journaliste indépendant. M. Pierre Gaillard (Le Monde du 13 mai 1983), a pu sillonner les provinces du nord de l’Angola, avec l’aide des maquisards, sans avoir été intercepté par les forces gouvernementales. Il en a tiré la conclusion que le FNLA, dépourvu de toute assistance étrangère et vivant en auto-subsistance, est encore bien implanté et même qu’il est « fait pour durer » face au « pouvoir MPLA (Mouvement populaire de libération de l’Angola) qui s’use » : d’autre part, tandis que l’UNITA lutte dans le Sud, très loin de la capitale, l’état-major du FNLA se trouve au cœur d’un massif montagneux, à moins de 200 km au nord-ouest de Luanda, dans un fief où le FNLA avait su déployer ses forces durant la guerre de décolonisation.
Ces trois données expliquent peut-être pourquoi le gouvernement angolais tient tant à maintenir, avec Pretoria, un dialogue dont les Sud-Africains sont apparemment les seuls à tirer un avantage psychologique immédiat. Conscient de ses faiblesses, il n’envoie au Cap-Vert, où se déroulent les entretiens, qu’une délégation peu représentative qui se borne à répéter que le règlement du problème namibien ne sera jamais subordonné au retrait des troupes cubaines du territoire angolais. Toutefois, la simple présence de cette délégation montre aux autorités d’Afrique du Sud et à l’opinion internationale que le MPLA-PT (MPLA - Parti du travail) n’est pas inconditionnellement solidaire de la SWAPO (Organisation du peuple du Sud-Ouest africain) : le parti craint en effet que, si cette organisation parvenait au pouvoir en Namibie, elle ne cherchât à provoquer la sécession des Ovambos (peuple bantou d’Afrique australe) d’Angola et, pour ce faire, ne renouvelât l’alliance autrefois contractée entre M. Nujoma, son chef, et le mouvement de M. Savimbi. En raison de la faiblesse de son implantation, le MPLA ne peut donc se passer du soutien de l’armée cubaine mais, par son attitude, il démontre que, privée de l’assistance des forces de Cuba et des pays socialistes, la SWAPO ne pourrait pas compter sur l’aide des autorités angolaises. Il rend ainsi perceptible le piège dans lequel ces autorités se sont débattues, dès avant la mort de M. Agostinho Neto (1er président de la République populaire d’Angola) et qui, depuis lors, les condamne à la passivité.
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