Histoire de la 9e Armée
Le général d’armée Doumenc vient de consacrer un livre de 280 pages à l’histoire de la 9e Armée. Ce sont ses forces qui reçurent les premières le choc des divisions blindées allemandes, furent bousculées et finalement anéanties malgré les prodiges de valeur de maints exécutants.
L’auteur commence par faire ressortir, en un premier chapitre, la supériorité de la préparation allemande sur la française. La 9e armée, à la charnière du dispositif général sur la Dyle, est composée de troupes peu aguerries, insuffisamment encadrées et armées. Elle doit cependant pénétrer en Belgique pour tenir la Meuse jusqu’à Namur sur un front, trop étiré, de 100 kilomètres. Un mouvement, tardivement déclenché, amène ses unités au contact avant qu’elles aient pu s’installer sur le terrain. La cavalerie poussée en avant, en liaison avec celle de la 2e Armée, est obligée de se replier et de repasser la Meuse le 12 mai. Les Allemands passent aussitôt à l’attaque, élargissent leur tète de pont de Hau ; Sedan tombe et l’armée est attaquée de flanc, pilonnée, d’ailleurs, par les Stukas. Cependant les 6 divisions de Panzers poussent leur avantage ; la retraite s’impose le 15 à la nuit. Des éléments frais envoyés en hâte, permettent de contenir les Allemands à peu près partout. Mais ce n’est qu’un répit, ceux-ci se répandent de tous côtés. Le général Giraud lui-même, encerclé, est fait prisonnier. La 9e Division d’infanterie (DI) tiendra cependant encore jusqu’au 19 : c’est le dernier spasme de l’armée.
Le général Doumenc est d’avis qu’il eût mieux valu coordonner les efforts successifs d’une résistance désespérée, mais que la concentration aurait dû être décidée dès le 12. Il préconise dans la défensive le système des « gros bouchons », à condition, toutefois, de disposer d’éléments importants dans leurs intervalles. En fait, la sûreté qui implique à la fois renseignement, espace, temps a manqué à l’armée. Un raid audacieux des blindés allemands a jeté la perturbation dans les éléments mal ressoudés : la précarité des liaisons a fait le reste.