La Xe armée
Dans sa tentative de former un nouveau front après l’encerclement des armées de Belgique et du Nord par les Allemands, le général Weygand confia au général Robert Altmayer la mission de boucher le trou qui existait sur la basse Somme et à l’ouest d’Amiens. C’est l’histoire de cette Xe armée que son chef expose d’une façon très nette. Organisation des troupes, tentatives sur Amiens, Picquigny et Abbeville bientôt abandonnées ou stoppées par la résistance ennemie, attaque allemande de Saint-Valery à Amiens par deux corps d’armée, trois Panzerdivisionen et un corps motorisé, résistance héroïque de nos éléments et de la division anglaise du général Fortune ; enfin, rupture du front, à la suite de quoi la Xe armée est coupée en deux : telle est l’histoire de la première Xe armée.
Le 9 juin, le général Weygand prescrit la formation d’une nouvelle Xe armée chargée de la défense de la basse Somme en aval de Vernon. Les trois corps d’armée : Duffour, La Laurencie et Langlois sont à effectifs très faibles et sans grand matériel.
Le détachement Ihler encerclé vers Saint-Valéry ne peut rejoindre ; par contre, des éléments rescapés de Dunkerque vont former un XVIe corps (Falgade) et des éléments anglais arrivent, mais toutes ces troupes sont incomplètes. Le général Altmayer organise la défense le mieux possible. Le 14 juin, après une défense pied à pied, la Xe armée relevant directement du général Georges est destinée à organiser et défendre le réduit breton ; elle retraite en combattant en direction de Rennes. Le 16 juin, après une défense des collines du Perche, les Anglais rejoignent Cherbourg et la Xe armée affaiblie emploie ses dernières réserves. Le 17, le QG est à Rennes.
La IVe armée allemande franchit l’Orne, bouscule le XVIe corps et marche sur Vitré, Granville et Saint-Lô. Le 17, à 13 heures, un message du Chef de l’État amène un certain flottement chez beaucoup d’exécutants. Le 18, les Allemands sont à Rennes. Le général Altmayer libère le corps La Laurencie mais reste avec ses troupes. Le 18, fait prisonnier, il est dirigé sur Mayence.
Il est d’un puissant intérêt de suivre les efforts du général Robert Altmayer ; on y trouve un bel exemple d’un chef qui sait obéir et commander. Ses troupes se sont battues héroïquement et ont infligé des pertes sévères à l’ennemi, mais, finalement, ont été submergées par des effectifs infiniment supérieurs en nombre et en matériel et le général conclut : « En juin 1940, notre patrie a subi le plus grand malheur de son histoire depuis la formation de son unité nationale, mais tout n’était pas perdu et l’honneur de ses armes était sauf. »