Depuis l’origine du monde, l’humanité s’est trouvée soumise aux radiations de la radioactivité naturelle qui sont loin d’être négligeables puisqu’un individu accumule en moyenne pendant son existence une quarantaine de roentgens. Elle vient seulement d’en prendre conscience dans les dernières décades : il est bien évident qu’au cours des siècles l’organisme humain s’est parfaitement adapté à ce rayonnement et qu’il le supporte allègrement. Mais désormais, à cette radioactivité naturelle s’ajoute la radioactivité artificielle résultant tant des explosions nucléaires que de l’exploitation de l’énergie atomique domestiquée pour ses applications civiles.
Étant donné le danger des radiations radioactives à doses tant soit peu importantes, il est normal que l’apparition de cette nouvelle source de rayonnements provoque des craintes pour la santé et l’avenir des populations du globe. En fait, en l’absence de données précises sur l’étendue du péril, un certain affolement a pu se manifester dans le public, facile à exploiter dans des intentions diverses par un chantage à la panique, confondant volontairement sans discrimination les cas où le danger serait incontestable (guerre atomique généralisée par exemple), les cas où il est discutable, et enfin ceux où il est certainement insignifiant.
Il est donc indiqué de définir d’une manière aussi approchée que possible l’étendue des dangers à craindre dans les diverses circonstances possibles d’emploi de l’énergie nucléaire. C’est ce qu’a fait, pour l’opinion anglaise un expert de renommée mondiale, l'auteur, Directeur de l’Établissement de recherches nucléaires de Harwell dans la grande revue scientifique britannique Nature. Il a bien voulu autoriser la RDN à reproduire cet article. C'est une mise au point d’un très grand intérêt et à laquelle le prestige de son auteur confère une immense autorité.
Charles Ailleret.
Les effets biologiques des explosions atomiques ont fait récemment, au Parlement et ailleurs, l’objet de nombreuses discussions qui ont tiré leur principal intérêt de la contamination à échelle mondiale qui résulte des explosions expérimentales. La source la plus importante de contamination est la bombe à hydrogène qui produit de 100 à 1.000 fois plus de matières radioactives que la bombe atomique nominale, cette contamination restant du même type. Les produits de fission radioactifs mis en jeu sont identiques et leur activité décroît d’une manière semblable. Par exemple, après 24 heures, l’intensité des rayonnements n’est plus que le 1/50e de celle qui existe une heure après l’explosion ; au bout de 10 jours cette intensité est réduite au 1/20e de celle qui est constatée après 24 heures et au centième jour elle n’est plus que le 1/10e de cette dernière valeur.
L’explosion au sol d’une bombe à hydrogène mélange les produits radioactifs à des millions de tonnes de terre, produisant ainsi des particules dont le diamètre va de 1/20e à 1/1.000e cm. Ces particules sont transportées par le vent, les plus grandes tombant avec rapidité. À Bikini, elles ont fortement contaminé une étendue en forme de cigare de l’ordre de 18.700 km2 (350 km de longueur sur une largeur de 64 km environ). Une grande partie de la radioactivité peut se déposer lors de cette retombée locale des particules les plus lourdes, le restant se trouvant entraîné dans la stratosphère (au-delà de 15.000 m) sous forme de très fines particules qui sont transportées tout autour du globe terrestre en zones progressivement étendues et retombent ensuite lentement pendant des années.
Les bombes à hydrogène qui explosent en altitude ont ceci de différent avec les mêmes bombes explosant au sol que la radioactivité se trouve pratiquement entraînée en totalité dans la stratosphère d’où elle se dépose ensuite d’une manière à peu près uniforme.
Effets génétiques des radiations
Radiations engendrées par les applications de l’énergie nucléaire
Conclusions générales