Le personnel technique, goulot d'étranglement de notre développement atomique
Il est connu que les applications de l’énergie atomique sous forme massive, qu’il s’agisse de la production d’armes atomiques ou de la construction de réacteurs nucléaires destinés à des centrales thermiques productrices de force, se sont développées depuis un peu plus de dix ans, en prenant une forme industrielle très prononcée, nécessitant des investissements importants, comparables, par exemple, à ceux qu’entraînent l’établissement de chantiers navals ou la construction des plus grands barrages.
Ainsi tout grand pays qui entend accéder à l’exploitation de l’énergie nucléaire doit-il se préoccuper de satisfaire, tout d’abord, à deux conditions indispensables (en supposant, par ailleurs, que son sous-sol recèle des gisements suffisants en uranium, thorium) : trouver, en premier lieu, dans ses disponibilités budgétaires les ressources considérables qu’entraîneront les installations ; réunir, ensuite, un personnel scientifique et technique, nombreux et de qualité, qui aura la charge de la production de la matière fissile, de la mise en œuvre des réactions nucléaires et de leur contrôle, de l’extraction des isotopes présentant un intérêt, enfin de l’utilisation de ceux-ci au point de vue thermique (centrale électrique) ou militaire (détonateur d’armes atomiques).
En France, où le gouvernement a pris la décision d’établir un vaste programme d’exploitation de l’énergie nucléaire, programme à la mesure du rang occupé par notre pays dans le monde, nous n’échappons pas à ces deux conditions préalables ; je me propose d’examiner dans quelle proportion nous nous trouvons à même d’y satisfaire.
Il reste 93 % de l'article à lire