Militaire - Les manœuvres de Rhénanie - Le service prémilitaire - La nouvelle organisation de la défense nationale aux États-Unis
Du 6 au 9 octobre 1947, les grandes manœuvres de l’armée [NDLR 2023 : française] d’occupation se sont déroulées en Rhénanie. On se souvient des manœuvres de 1946 qui avaient rassemblé, dans la haute vallée du Danube, la valeur d’une division étoffée d’éléments blindés et du génie. Cette année, les effectifs sont moindres. Ici, comme ailleurs, les économies sont une nécessité. De nombreuses unités mises en jeu ne sont pas représentées, aussi les opérations sont-elles difficiles à comprendre pour un spectateur qui n’est pas, à chaque instant, en liaison avec l’arbitrage.
Profitant de la surprise et de l’avantage que lui donne l’initiative des opérations, l’armée d’un parti bleu supposé situé au nord d’une ligne marquée par la frontière belge et la limite des zones française et anglaise a attaqué la zone occupée par un État rouge qui n’est autre que notre propre zone d’occupation. Le front rouge a été d’abord enfoncé sur son centre. Les bleus ont atteint la Moselle à l’est de Trêves et à l’ouest de Coblence et ont essayé d’accentuer leur pénétration en franchissant cette rivière et en jetant sur les arrière-gardes rouges des éléments parachutés aidés par les maquisards d’un pays par hypothèse hostile. Mais les rouges ont pu se ressaisir et monter une contre-attaque. La fin des manœuvres se déroula en présence du général Kœnig, commandant en chef des troupes en Allemagne, et du général François Sevez, commandant supérieur des troupes d’occupation, dans le très vaste camp de Baumholder où Hitler organisait naguère d’importantes parades militaires réunissant parfois jusqu’à 30 000 hommes.
Ces manœuvres ont permis de juger les qualités des exécutants ; les jeunes appelés du dernier contingent y figuraient en grand nombre après quatre mois de présence sous les drapeaux. Leur instruction et leur entraînement physique se sont révélés déjà très satisfaisants. Tous ont supporté vaillamment les fatigues de ces quatre jours. La très faible proportion d’accidents et de pannes a démontré à la fois la valeur des conducteurs et le bon entretien du matériel. Ce sont là des résultats intéressants. L’instruction « accélérée » a déjà été réalisée dans d’autres pays. Sans doute que l’armée française n’arrive, chaque fois qu’en existe la possibilité, à instruire les recrues aussi rapidement qu’ailleurs. La conduite des opérations a mis en évidence une certaine timidité de la part du commandement bleu qui disposait de l’initiative. Le thème présentait de nombreuses analogies avec la situation de mai 1940 lorsque les blindés de Guderian traversèrent par surprise la Meuse et disloquèrent notre dispositif. L’obstacle à franchir est, ici, la Moselle, que la sécheresse de la saison rendait alors relativement facile à traverser, parfois même à gué. Cet obstacle passé, le commandement bleu s’est-il laissé impressionner par les obstacles que constituaient les zones boisées de l’Idarwald et les croupes du Hornsrück [Hunsrück] ? Il ne semble pas que ses blindés aient alors développé au maximum leur action. De même, le commandement rouge a lancé sa contre-attaque bien qu’il ignorât où se trouvaient les tanks destroyers adverses. Celle-ci aurait vraisemblablement échoué si elle n’avait pas été puissamment soutenue par l’aviation. Clôturant une critique ou chaque exécutant exposa sa mission et les difficultés rencontrées dans l’exécution de celle-ci, le général Kœnig se demanda avec humour : est-il utile de faire des manœuvres ? et il ajouta aussitôt : « Les manœuvres doivent se maintenir dans le cadre d’ordre précis donnés à temps. Elles permettent également de se rendre compte de l’effort physique immense nécessaire au combat. Il y a toujours quelque chose à apprendre aux manœuvres. »
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