On s’est battu dans le ciel
Car la terre est ronde
Le premier livre, préfacé par Roland Dorgelès, n’offre pas seulement l’intérêt de nous présenter, avec un talent qui s’était déjà manifesté dans Chasseurs du ciel, une série d’engagements héroïques où s’illustra notre aviation de chasse, il nous rappelle aussi quelques vérités qu’il importe de propager dans l’opinion : tout d’abord, l’héroïsme de notre aviation de chasse qui s’est multipliée pour compenser l’infériorité numérique, mais sans pouvoir retarder l’issue de la lutte, ensuite, l’infériorité rédhibitoire du nombre des escadres françaises, le manque de matériel de l’artillerie contre avions, la pauvreté des unités terrestres en armes anti-aériennes. Le 24 juin, l’aviation française était prête à continuer la lutte. Mais la partie principale se joua au sol et le combat était vraiment par trop inégal.
Dans un second volume, le lieutenant-colonel Accart ne craint pas de dépasser le domaine purement aéronautique. Car la Terre est ronde sort du cadre de la technique militaire. En une forme extrêmement ramassée, il résume les expériences que l’auteur a pu faire, pendant la lutte même, à l’école d’État-major américaine. Il nous fait profiter des nombreux contacts qu’il a eus avec les officiers étrangers alliés de tous les pays. Il en arrive à la conclusion que, pour faire respecter sa volonté de neutralité amicale. la France, en dépit des traditions glorieuses, doit se résoudre à abandonner une Armée de terre et une Marine de guerre périmées, entreprendre sans retard la constitution d’une armée unique à base de puissance aérienne et, s’apprêter à remplacer ses avions de chasse et de bombardement par des fusées radioguidées. Il conclut : « au cours d’une guerre future, les destructions seraient plus considérables que jamais ; si le pays avait l’impression de s’assurer suffisamment contre la guerre en consentant des crédits militaires, même importants, il les consentirait sans aucun doute. » Ce petit volume, riche de substance, appellera certainement la discussion, d’où jaillira, espérons-le, la lumière.