Les grandes contaminations radioactives par bombes thermonucléaires
L’explosion d’une bombe atomique, le 6 août 1945, au-dessus d’Hiroshima, révéla au monde qu’une révolution intervenait dans les armements. Il s’agissait en effet du passage d’engins d’une puissance maximum d’une dizaine de tonnes de T. N. T. à une bombe dont la puissance était équivalente à 20.000 tonnes de T. N. T. soit un franchissement brutal dans les puissances marqué par le coefficient 2.000. Cette apparition soudaine ouvrait en même temps des vues sur les possibilités techniques et pacifiques de l’atome. Mais, après cette explosion spectaculaire qui paraissait avoir mis un point final aux hostilités, la course aux armements reprenait rapidement. Un nouveau recours à la physique nucléaire était fatal et bientôt il devenait évident qu’elle n’avait pas dit son dernier mot. La marche vers les engins de très grande puissance n’avait été qu’entamée.
La bombe H, utilisant non plus la fission des atomes lourds mais la fusion d’atomes légers apparaissait comme de réalisation possible dès novembre 1952, après l’explosion thermonucléaire « Ivy » à Eniwetok. Cette explosion correspondant à la mise en jeu d’une puissance équivalente à 5 millions de tonnes de T. N. T. portait la zone de destruction, d’un seul engin, d’une dizaine de kilomètres carrés à plusieurs centaines. Puis un nouveau bond était franchi moins de deux ans après. L’explosion du 1er mars 1954, qui provoqua une si grande émotion dans le monde par ses conséquences tragiques sur des pêcheurs japonais, révélait que les surfaces où l’action d’engins de très grande puissance — une quinzaine de mégatonnes de T. N. T. — conservait des effets mortels pouvaient s’étendre sur des milliers de kilomètres carrés et jusqu’à des distances de plusieurs centaines de kilomètres du point d’éclatement.
L’importance des effets de cette dernière explosion doit retenir l’attention car il s’agit d’un véritable saut dans les puissances mises en jeu, dans les surfaces atteintes, dans les temps de persistance. Il ne saurait être question de minimiser les effets des bombes types Hiroshima : leur tragique bilan est encore présent à toutes les mémoires. Mais il n’en est que plus nécessaire de se pencher sur l’explosion type 1954. Entre les deux types d’explosion il y a des différences de deux ordres : échelle des puissances mises en jeu, aggravation du danger radioactif.
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