L’affaire Cicéron
L’affaire Cicéron n’est pas un roman. C’est un cas authentique d’espionnage raconté par un membre de l’Ambassade allemande d’Ankara, fortuitement amené à conclure et à conduire cette affaire. L’espion, valet de chambre de l’Ambassadeur de Grande-Bretagne en Turquie, est un de ces personnages mal définis que l’appât du gain pousse un jour à monnayer les secrets qui sont à sa portée. Il est Albanais, il ne trahit personne, sinon son maître. Le cas serait banal si les documents diplomatiques photographiés par « Cicéron » à l’insu de l’Ambassadeur britannique, et remis à l’Attaché d’ambassade allemand, n’avaient présenté un intérêt prodigieux à l’époque précisément où la puissance des Nations alliées acquérait une supériorité redoutable. La connaissance qu’en eurent les autorités de Berlin eût dû les éclairer de façon décisive et influencer la politique hitlérienne dans le sens de la recherche d’un compromis. Il n’en fut rien. Les rivalités de partis et de clans firent négliger par Ribbentrop, et les services secrets divisés, ces données capitales. Le parti hitlérien marchait les yeux fermés vers la catastrophe, alors qu’il savait tout des négociations entre Alliés, de leurs desseins et de leur force.
Le récit de l’auteur est sobre, émouvant et direct. Il porte un accent de vérité et d’exactitude qui le fera retenir par les spécialistes du renseignement, avertira les diplomates, et éveillera un vif intérêt dans l’esprit du lecteur désireux de connaître les dessous véritables des grands événements de la guerre 1939-1945.