Manuel de Cryptographie
Le Manuel de cryptographie du général Sacco, traduit et préfacé par deux officiers français spécialistes du chiffre, vient à point pour nous renseigner sur le niveau actuel d’un art dont les procédés font désormais un large appel à la science. L’auteur démontre en effet que la cryptographie sous ses deux aspects, chiffrement et déchiffrement, a fait du chemin depuis Lacédémore et Rome. L’art de dissimuler un texte et celui de le déchiffrer se sont épaulés dans ce progrès, et la lutte que se livrent, sur ce terrain, diplomates et militaires de tous pays, prend figure de savante compétition.
L’ouvrage est un exposé complet des procédés usités dans les services cryptographiques des divers pays. Il constitue un véritable cours pour débutants et pour initiée, il est accessible à quiconque s’intéresse aux méthodes de chiffrement et de déchiffrement des textes secrets, et des lois qui les déterminent. Les uns et les autres trouveront, dans la complexité apparente des notations et des formules, matière à satisfaire la curiosité de leur esprit. Ils ne manqueront pas de remarquer l’importante contribution aux opérations de chiffrement par les machines chiffrantes qui, à leur tour, prises à partie par le décryptement, perdent leur certitude d’herméticité au moment même où l’on pouvait la croire obtenue. Ainsi en fut-il des cryptogrammes de toute nature et de tous les temps. Un système, laisse entendre Sacco, n’est jamais hors d’atteinte. Mais il suffit souvent d’une légère avance du chiffrement sur le décryptement, pour assurer au premier une efficacité opportune et décisive. Les guerres modernes sont là pour en témoigner.
Le général Sacco a consacré un chapitre à l’histoire de la cryptographie, dans le but de décerner aux spécialistes italiens des palmes qui paraissaient jusqu’ici leur être refusées. Il faut en prendre acte. On sait, en effet, que le chiffre italien a obtenu de réels succès au cours des années qui ont précédé la dernière guerre. Mais, rétorque le lieutenant-colonel Léger, préfacier du Manuel, la France a eu – elle aussi – ses pionniers, dont la prépondérance s’est affirmée jusqu’au cœur des récents événements mondiaux.