La plus grande Chine (I) le Parti
Ce titre général souligne un fait irréfutable : le Gouvernement de la République populaire de Chine étend aujourd’hui son autorité sur des territoires qu’avaient quelquefois embrassés les empires de Chine, du IXe au XXe siècle, dans les périodes de leur plus grande expansion.
Des questions assaillent le lecteur d’Occident, curieux des développements récents d’une révolution plus que trentenaire ; d’une révolution qui est imposée à un peuple et qui paraît être acceptée par 580 millions d’hommes. Quels sont donc les a secrets » des hommes au pouvoir (pour beaucoup les mêmes, sur la scène politique, depuis 1927) ? Et quelle est l’armature du régime ? Cette armature, c’est d’abord le Parti. Aussi bien le Parti fera-t-il l’objet de notre premier article. Le suivant sera consacré à l’Armée, soutien du Parti et qui vit en symbiose avec lui. Un troisième essai énumèrera les réformes fondamentales : régime agraire ; industrialisation ; amélioration des communications ; grands travaux ; émancipation de la femme et changements apportés à la famille ; sort des minorités. Il faudra ensuite présenter le sommaire des relations extérieures inaugurées en 1949 — relations qui sont établies, dans le présent, sur une alliance de la Chine avec l’URSS. Mais les chefs de Pékin qui savent la masse géographique qu’ils dominent et les forces humaines qu’ils gouvernent, ne se désintéressent d’aucun continent — ni de l’européen, ni de l’américain, voire de l’africain. Leurs revendications, toujours ressassées, sont celles relatives à Formose, terre chinoise ; mais aussi, sur le plan international, à l’entrée de la Chine populaire — la Chine elle-même — dans l’Organisation des Nations Unies. Comment concevoir enfin, dans la conjoncture actuelle, les relations économiques (sans préjuger des « culturelles ») franco-chinoises qui ont été autrefois médiocres, sont devenues inexistantes, mais pourraient être renouvelées ?
Parti ou Armée ?
M. Paul Demiéville, maître en France et autres pays dans la sinologie, laissait entendre à ses élèves, voici plus de vingt ans, qu’il serait téméraire d’écrire, au retour d’un voyage en Chine, quelque relation générale où voisineraient des considérations sur la cuisine et l’hygiène, le mariage et la propriété rurale. Car la Chine a été l’objet d’innombrables ouvrages, en toutes langues, et si son éloignement, son isolement, les relatives difficultés d’accès persuadent encore le visiteur pressé, moins épris de réalités que de pittoresque, qu’il a quelque chose « de nouveau » à dire, le temps est révolu des synthèses hâtives. Désormais, pour la Chine comme pour l’Europe, seul le géographe sera habilité à traiter honnêtement, de la description physique de ce pays ; le philologue de la langue ; le militaire de l’armée ; le philosophe de la sagesse ; le médecin de la pharmacopée ; l’économiste des affaires et des finances chinoises, etc.
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