La préparation du service militaire
« Comme une barre à l’embouchure d’un grand fleuve, le service militaire… se dresse… devant toute la jeunesse à l’entrée de la vie. Sera-t-il un péril où risqueront de sombrer ces corps, ces cœurs et ces esprits, ou sera-t-il l’épreuve fortifiante d’où elle sortira mieux trempée ? Toute la question est là ». Lyautey.
La France semble condamnée à la formule militaire du « contingent encadré ». Ainsi le veulent des raisons budgétaires — nous n’osons dire économiques car l’« économie » du système n’a jamais été calculée. Ainsi l’exigent un régime et une culture qui entendent s’appuyer, pour les promouvoir, sur les concepts de liberté et d’égalité. Mieux : il apparaît que l’importance du contingent croît dans la mesure où diminue, avec le temps, le pourcentage des militaires ayant fait la guerre, dans la mesure où la conjoncture — Allemagne, Afrique du Nord — restreint la part de certaines troupes étrangères ou indigènes. L’évolution stratégique et technique elle-même suscite une décentralisation grandissante des responsabilités ultimes, donc un appel de plus en plus vif aux qualités personnelles des plus humbles participants ; conséquence singulière du progrès matériel : la technique change, ses moyens s’effritent, qui ne valent, en fin de compte, que par l’Homme, parfois désespérément seul ; dès lors, la dévotion à la France et l’affection à son Armée prennent plus d’importance que l’aptitude à appuyer sur une gâchette.
Il se trouve que le développement de ces faits s’accompagne précisément de ce que M. Maurice Megret appelle « la crise du Service Militaire » (1). Il est à redouter que cette crise se complique au fur et à mesure que s’épanouira « l’offensive de paix », surtout si la controverse d’ores et déjà engagée en Angleterre aboutit à une réduction des charges du soldat-citoyen. D’ailleurs, en dehors de ces coïncidences de conjoncture, il faut bien noter que l’évolution sociale, irrévocable sur ce point, accroît les exigences — les susceptibilités — en matière de respect de la personne humaine.
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