Justice pour le Maroc
M. Barrat présente sous le titre Justice pour le Maroc un carnet de route avec incidents variés. Fort intéressant en ce qui concerne les entretiens avec Français et Marocains de tous rangs. On peut seulement regretter que M. Barrat voie tout avec une optique particulière. Pour lui, les membres de l’Istiqual sont des « petits saints » injustement brimés par les méchants Français. Toute version d’un membre de l’Istiqual est vérité absolue. Aucune discussion n’est permise ; par contre, les dires du Français, de quelque milieu et rang qu’il ressorte, sont sujets à caution et déformés à souhait.
Ayant approché « le Palais », l’auteur prend fait et cause pour le Sultan Sidi Mohammed ben Youssef et son fils Mouley Hassan ; il les présente tous deux sous le jour le plus favorable, leurs compromissions et leurs refus sont encensés et même glorifiés. Quant à leur exil, il en présage les pires calamités car le successeur, S.M. Moulay ben Arafa, serait inculte et ignare et le Glaoui, son grand ami, un misérable. De pareilles inexactitudes suffisent à qualifier un enquêteur. M. Barrat, comme malheureusement certains écrivains pressés par le temps, se figure qu’on dénigre l’âme marocaine et en connaître tous les détours en quelques jours. C’est là une présomption regrettable, on peut même dire coupable, quand les conclusions d’un long reportage en sont présentées par un écrivain de talent. Qu’ils méditent donc cet extrait d’un marocain âgé à une personne d’autorité qui le visitait : « Que ton regard soit le plus large ! » ♦