Militaire - Deux douzièmes militaires provisoires - Dans la Légion d'honneur - Les difficultés linguistiques au sein du NATO - L'armée roumaine
Deux douzièmes militaires provisoires
Le Parlement a voté le 30 décembre 1954, par 524 voix contre 100, une loi ouvrant deux douzièmes provisoires de crédits militaires pour les mois de janvier et de février 1955, alors que le Gouvernement avait déposé sur le bureau de l’Assemblée un projet de loi ouvrant trois douzièmes provisoires. L’exposé des motifs était ainsi libellé :
« Les crédits prévus ne constituent pas des douzièmes provisoires au sens traditionnel de ce mot, mais plutôt des crédits provisionnels.
« Le Gouvernement tient à préciser que s’il a procédé à un calcul direct des crédits nécessaires aux forces armées pour le premier trimestre de 1955, il l’a fait avec le souci de ne préjuger en rien le budget de 1955 et de réserver entièrement les droits du Parlement.
« … Un délai de trois mois a paru indispensable pour permettre, d’une part, au gouvernement de déposer un projet de budget étudié, d’autre part, au Parlement de procéder à l’analyse approfondie des propositions qui lui seront présentées.
« La cessation des opérations militaires en Indochine rend nécessaire et possible une réorganisation des forces militaires françaises en métropole. En effet, le corps expéditionnaire en Extrême-Orient était constitué exclusivement de personnels de carrière. La nécessité de la relève faisait peser sur les effectifs non stationnés en Extrême-Orient une charge très lourde qui ne permettait pas d’obtenir des unités métropolitaines le rendement optimum, et qui désorganisait partiellement nos forces.
« L’évolution des événements, à la suite des Accords de Genève, permet de réduire dans une certaine mesure les effectifs du corps expéditionnaire en Indochine. Les conclusions de ce nouvel état de choses doivent être étudiées.
« Un tel examen est d’autant plus nécessaire que l’art militaire connaît, du fait des nombreux progrès techniques ou scientifiques réalisés depuis quelques années, une évolution non négligeable dont il est essentiel de tenir compte.
« Les problèmes à analyser sont complexes et ne peuvent être résolus du jour au lendemain, la traduction en termes budgétaires des solutions qui seront retenues demande également du temps. Au demeurant, les négociations engagées au sujet des concours extérieurs sur lesquels il est possible de compter pour 1955 au titre des dépenses militaires n’étant pas actuellement terminées, toutes les données financières ne sont pas définitivement acquises.
« C’est pourquoi le projet de budget des départements militaires pour 1955 n’a pu être déposé sur le bureau de l’Assemblée nationale en temps voulu pour que son vote puisse intervenir avant le 31 décembre 1954. »
Dans la Légion d’honneur
L’Assemblée nationale a adopté, le 30 décembre 1954, un projet modifiant les règles de discipline dans l’ordre de la Légion d’honneur.
Précédemment, le grade n’était acquis qu’après la cérémonie de la réception. Une nomination ou promotion non suivie de réception pouvait être annulée. Mais un récent arrêt du Conseil d’État a décidé pour la première fois qu’un décret de nomination ou de promotion ne pouvait être rapporté que pour illégalité. Ce point de vue a été sanctionné par le texte voté. Le même projet prévoit la réduction des contingents de Légion d’honneur (– 3 % en 1954, – 4 % en 1955 et – 5 % en 1956) des administrations publiques.
Les difficultés linguistiques au sein du NATO
La coopération militaire dans le cadre de l’Otan se heurte à des difficultés linguistiques que certains spécialistes proposent de résoudre par l’adoption de l’espéranto.
L’emploi officiel du français et de l’anglais place en effet les autres pays dans une situation moins avantageuse. Cette raison ainsi que des questions de susceptibilité nationale sont à l’origine de l’emploi de cinq langues officielles par la Communauté charbon-acier (CECA).
La commission de l’armistice en Corée a déclaré que le problème des interprètes fut le plus difficile à résoudre. Elle utilisa 90 interprètes : 57 de chinois en anglais et 33 de coréen en anglais.
Une des grandes difficultés de traduction réside dans les sens différents donnés à un même mot dans les diverses langues.
Aussi, dans une brochure intitulée : La CED et la question des langues, le capitaine interprète Léon Agourtine préconise l’adoption de la langue auxiliaire internationale espéranto. Cette langue, rappelons-le, a été créée par le médecin polonais Zamenhof en 1887. Son emploi s’est étendu progressivement et aujourd’hui des publications littéraires scientifiques et techniques paraissent dans cette langue. Des vocabulaires militaires ont été édités : le premier fut publié en 1907 sous la signature du lieutenant Bayol, instructeur à Saint-Cyr. On annonce la publication dans le courant de cette année d’un nouveau vocabulaire militaire avec le concours de spécialistes belges, français, anglais, italiens, allemands, brésiliens et zélandais.
L’Armée roumaine
L’armée roumaine a été réorganisée par des officiers soviétiques et dotée en faible partie de matériels modernes.
Alors que les clauses du traité de paix autorisent la Roumanie à disposer d’une armée territoriale de 120 000 hommes (forces frontalières comprises), d’une artillerie antiaérienne ne dépassant pas 5 000 h, d’une aviation militaire de 150 avions et d’une force navale de 15 000 h, les armées roumaines comptent aujourd’hui un effectif d’environ 280 000 h et des troupes de sécurité évaluées à 100 000 h.
L’armée de terre comprend une douzaine de divisions réparties en trois régions militaires : la première à Iashi, la deuxième à Bucarest et la troisième à Cluj. On compte 6 à 8 divisions d’infanterie de type normal en grande partie hippomobile, 1 division d’infanterie motorisée, 1 division blindée et des formations d’unités de montagne.
Les troupes de sécurité comprennent huit brigades de gardes frontaliers et douze régiments de police de sécurité. Elles sont renforcées le long de la frontière roumano-yougoslave par des unités d’occupation soviétiques.
L’aviation comprend 5 divisions aériennes et ses effectifs atteignent 8 000 h. Elle est dotée de MiG. L’instruction est faite dans quatre écoles sous la surveillance d’officiers soviétiques.
Quant à la marine, elle reste à l’état embryonnaire et le programme naval est des plus modestes. Elle se compose actuellement de 4 vieux destroyers, 3 sous-marins, 2 vieux torpilleurs, 1 mouilleur de mines. La flottille du Danube, 6 monitors et quelques bateaux plus petits, est basée à Braila, le principal port fluvial roumain.
La durée du service militaire actif est pratiquement de trois ans. Les réservistes accomplissent des périodes obligatoires jusqu’à 40 ans, puis ils sont versés dans la milice pendant dix ans.
L’armée roumaine dispose, outre ses écoles classiques, de deux écoles particulières : une école des partisans et une école des cadres politiques qui compte 200 élèves environ. ♦