Le Brexit a ouvert une période d’incertitude stratégique pour le Royaume-Uni avec plusieurs inquiétudes, dont la volonté écossaise de ne pas quitter le giron de l’Union européenne. Cela pose de facto la question d’une éventuelle séparation et donc d’une politique de défense autonome, sachant que la défense britannique est très dépendante de ses installations, garnisons et bases installées sur le territoire écossais.
Indépendance écossaise et perspectives de Défense (T 928)
Scottish Independence and Defense Perspectives
Brexit has opened a period of strategic uncertainty for the UK with several concerns, including the Scottish willingness not to leave the fold of the European Union. This poses a de facto question of a possible separation and thus of an autonomous defense policy, knowing that the British defense is very dependent on its installations, garrisons and bases installed on the Scottish territory.
À l’orée du XIVe siècle, alors que la 1re guerre d’indépendance écossaise faisait rage depuis de nombreux mois, eut lieu, sur le pont enjambant le fleuve Forth et surplombé par le burgh royal de Stirling, l’une des batailles les plus emblématiques et décisives de l’histoire des îles britanniques. En effet, le 11 septembre 1297, l’armée anglaise du comte de Surrey rencontra devant Stirling, place forte d’importance considérée comme la porte des Highlands, les troupes écossaises d’Andrew de Moray et de son capitaine, le légendaire William Wallace ; tous deux désireux de mettre un terme à l’ingérence anglaise en Écosse. À l’issue d’un combat acharné mais non moins mené de manière particulièrement ingénieuse par le camp écossais, les troupes anglaises furent défaites ; cette victoire décisive augurant pour les Écossais une série de succès qui leur permit finalement de préserver leur indépendance au terme d’un conflit sanglant ayant duré plus de trois décennies.
Plus de 700 ans plus tard, en 2017, une semblable volonté indépendantiste semble connaître une résurgence sans précédent en plus de trois siècles d’union avec la Couronne anglaise (1). De fait, le courant émancipationniste prend constamment de l’ampleur au-delà du Mur d’Hadrien et ce, du fait de désaccords croissants entre Londres et Édimbourg mais aussi, plus globalement, entre Anglais et Écossais. Beaucoup pensaient qu’il avait atteint son paroxysme, et paradoxalement sa fin, avec le court échec du Référendum d’indépendance de 2014 (44,6 % de votants en faveur de l’indépendance). Mais, suite à l’inattendue décision du peuple britannique de sortir de l’Union européenne à laquelle il appartenait depuis 1973 (cf. Brexit de 2016), l’idée indépendantiste a resurgi de plus belle chez les Écossais, dont l’immense majorité est pro-européenne ; à tel point que le gouvernement écossais travaille actuellement à la tenue d’un second référendum nommé Indyref 2 et qui pourrait avoir lieu d’ici 2021.
Ainsi, les siècles passants, les moyens ont changé mais la finalité reste la même pour grand nombre d’Écossais : s’émanciper de la domination anglaise. Certes, plus de lanciers, ni cavaliers en armure ou de charges héroïques mais un peuple déterminé, un Parlement aux puissantes prérogatives et un parti indépendantiste fort et majoritaire, le Scottish National Party (SNP), dont la chef de file, le Premier ministre Nicola Sturgeon (élue à ce poste depuis novembre 2014, portrait officiel ci-contre), est considérée par nombre d’observateurs comme une « William Wallace des temps modernes ».
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