Le 11 juillet 2017, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb confirme devant l’Assemblée nationale la création d’une task force nommée « Coordination nationale du renseignement et de la lutte contre le terrorisme », d’un Centre national de contre-terrorisme (CNCT) ainsi que la nomination d’un coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme. Ces décisions répondent certes à l’urgence de rationaliser la lutte antiterroriste. Mais elle résulte surtout d’une tradition bien française consistant pour une nouvelle majorité au pouvoir à réformer une administration, afin d’y imprimer sa marque et d’en confirmer le contrôle.
La task force française du renseignement : l’impossible pari de la rationalité ? (T 943)
The French intelligence task force: the impossible bet of rationality?
On 11 July 2017, Interior Minister Gerard Collomb confirms before the National Assembly the creation of a task force named "National Coordination of Intelligence and the Fight against Terrorism", a National Counter-Terrorism Center (CNCT) and the appointment of a national intelligence and counter-terrorism coordinator. These decisions certainly respond to the urgency of rationalizing the fight against terrorism. But it results above all from a French tradition consisting of a new majority in power to reform an administration, in order to print its mark and confirm its control.
Le 11 juillet 2017, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb confirme devant l’Assemblée nationale la création d’une task force nommée « Coordination nationale du renseignement et de la lutte contre le terrorisme », d’un Centre national de contre-terrorisme (CNCT) ainsi que la nomination d’un coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme. Ces décisions répondent certes à l’urgence de rationaliser la lutte antiterroriste. Mais elle résulte surtout d’une tradition bien française consistant pour une nouvelle majorité au pouvoir à réformer une administration, afin d’y imprimer sa marque et d’en confirmer le contrôle.
L’expertise de la communauté des services de renseignement (CSR) française est reconnue à l’étranger, eu égard aux nombreuses collaborations internationales. Comme nous le rappellerons ici, la France s’est précocement dotée de moyens informatiques pour améliorer ses performances. Il n’en reste pas moins que malgré quelques réussites en matière d’arrestations préemptives et préventives d’islamistes, d’autres ont pu commettre des attentats alors que leurs auteurs étaient, pour la plupart, connus des autorités.
La Vox Populi comprend assez mal comment en plein état d’urgence, alors que les lois ad hoc sont votées pour optimiser la lutte antiterroriste, des dysfonctionnements peuvent encore apparaître. Le directeur général de la DGSE (sécurité extérieure), Bernard Bajolet, n’est pas le dernier à le confesser : « Des attentats comme ceux du 13 novembre marquent bien un échec du renseignement extérieur […]. Ils représentent aussi sans doute un échec pour le renseignement intérieur, dans la mesure où ils se sont produits sur notre sol » (cité par Soren Seelow).
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