Un siècle après les révolutions russes, de février et d’octobre 1917, aucune vision unifiée de ces événements n’a émergé en Russie, plus préoccupée de réconcilier passé et présent, Blancs et Rouges, que de tenter de définir un large consensus sur les événements de cette année charnière, au demeurant impossible. Une dernière série d’ouvrages nous permet d’y percevoir plus de clarté, avant qu’une fois tournée la page commémorative, la parole ne soit redonnée aux historiens.
La Révolution russe parmi les livres (T 948)
The Russian Revolution among the books
A century after the Russian revolutions of February and October 1917, no unified vision of these events has emerged in Russia, more preoccupied with reconciling past and present, whites and reds, than attempting to define a broad consensus on events of this pivotal year, moreover impossible. A final series of works allows us to perceive more clarity, before the commemorative page is turned over, the word is given to historians.
Un siècle après les révolutions russes, de février et d’octobre 1917, aucune vision unifiée de ces événements n’a émergé en Russie, plus préoccupée de réconcilier passé et présent, Blancs et Rouges, que de tenter de définir un large consensus sur les événements de cette année charnière, au demeurant impossible. Une dernière série d’ouvrages nous permet d’y percevoir plus de clarté, avant qu’une fois tournée la page commémorative, la parole ne soit redonnée aux historiens.
Juriste et historien, François Antoniazzi, dans 1917 à Petrograd, ne traite que des trois premiers mois cruciaux de 1917, ce qui correspond au sous-titre : La chute de la monarchie russe. Son récit commence dans la soirée du 17 décembre 1916, lorsque la nouvelle de la mort de Raspoutine se répand dans tous les quartiers de Petrograd. La mort du prophète annonce-t-elle le temps des catastrophes ? Fin juillet 1914, Nicolas II n’avait pas écouté les conseils de son « ami » qui l’avait averti que si la Russie entrait en guerre s’en serait finie de la dynastie des Romanov.
5 causes expliquent la révolution « bourgeoise » de février qui, en cinq jours du 24 au 28 février, balaya la dynastie tricentenaire des Romanov. La crise du ravitaillement poussa, des milliers de femmes dans les rues (1). La reprise des travaux de la Douma, le 14 février, est marquée par un discours de Kerenski (1881-1970), qui tonna qu’il fallait faire en Russie « ce que Brutus fit à Rome », parole qui dénote bien la violence des combats politiques (2) qui rythmeront cette année 1917 en Russie. L’agitation ouvrière, troisième ingrédient révolutionnaire, culmina avec la grève des usines Poutilov, les plus importantes de Russie. Quatrième facteur : le retour de Nicolas II, au Grand Quartier Général de Moguilev (Biélorussie), où il se trouva coupé de l’agitation de la capitale, dont il ne mesura, ni l’ampleur, ni les objectifs. Alors que les masses se répandaient dans les rues de la capitale réclamant du pain, la paix, puis la terre et la fin de la monarchie, l’état d’esprit de Nicolas II frappait par son fatalisme, sa résignation, sa passivité. Enfin, les mutineries des régiments de prestige Volynski et Preobrajenski, le 27 février, renversèrent le rapport des forces. Ce fut le premier jour de la Révolution.
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