L’Alliance atlantique est dans un processus d’adaptation permanente, accentué par deux faits importants : l’annexion de la Crimée en 2014 par la Russie, avec une attitude ambivalente de Moscou vis-à-vis de l’Europe, et une administration Trump plutôt brouillonne et critique à l’égard de l’Otan, obligeant celle-ci à renforcer son pilier européen.
De Bruxelles à Craiova : l’adaptation en œuvre de l’Alliance atlantique (T 951)
From Brussels to Craiova: the adaptation of the Atlantic Alliance
The Atlantic Alliance is in a process of permanent adaptation, accentuated by two important facts: the annexation of Crimea in 2014 by Russia, with an ambivalent Moscow attitude towards Europe, and an administration Trump rather blurred and critical of NATO, forcing NATO to strengthen its European pillar.
Suite à son entrevue avec le président Iohannis, lundi 9 octobre 2017, la visite à Bucarest du secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, s’accompagna d’une rencontre avec les troupes servant désormais au sein de la nouvelle brigade multinationale de l’Alliance en Roumanie. Devant des soldats roumains, portugais, espagnols et polonais réunis pour l’occasion sur la base de Craiova, ce dernier affirma sans détour : « Nous envoyons aujourd’hui un message très clair : l’Otan est ici, l’Otan est forte et l’Otan est unie. »
À l’international : un positionnement clairement affiché depuis l’épisode du Donbass
Il s’agit d’une nouvelle étape pour le volet de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord consacré à l’établissement d’une « présence avancée adaptée » en Europe orientale. Avec ce renforcement du flanc Est de l’Alliance, les unités stationnées en Roumanie contribueront à la coordination des entraînements et des exercices relevant de l’Otan dans la région, l’objectif étant de réaliser une opérationnalisation de cette brigade multinationale d’ici fin 2018. Si cette initiative s’inscrit dans la continuité des mesures adoptées par les pays-membres lors du Sommet de Varsovie des 8-9 juillet 2016, l’Otan n’en est pas à sa première démarche en matière de défense collective. En effet, dès 2014, suite à l’annexion de la Crimée, de nombreux pays dont ceux du Triangle de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie) avaient formellement exprimé leurs inquiétudes auprès de l’Alliance. Ces préoccupations, ont entre, autres entraîné l’augmentation des budgets de la Défense des pays-membres, la condamnation des actions de la Russie ou encore l’adoption d’un plan d’action « réactivité » et de capacités de Défense antimissile balistique (BMD). Ainsi, l’Organisation acquiert progressivement une posture de défense et de dissuasion depuis l’épisode du Donbass.
À travers cette posture récemment acquise, le souci d’adaptation permanente semble diriger la prise de décision du Conseil de l’Atlantique Nord, conformément aux trois tâches fondamentales de l’Alliance instituées au sein de son dernier concept stratégique (2010). Ce triple impératif de « défense collective, gestion de crise et sécurité coopérative » garantit donc l’amplitude nécessaire à l’Organisation afin de promouvoir la sécurité et la stabilité dans son aire d’influence. Découlant principalement d’une complexification de l’environnement de sécurité avec des menaces issues de forces terroristes, nationales ou hybrides, le tournant politique de 2014 est d’autant plus prononcé qu’il justifie une telle posture de défense selon l’Organisation.
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