La compréhension des enjeux internationaux d’aujourd’hui passe par l’Histoire. La connaissance d’hier contribue à mieux appréhender les enjeux de demain. D’où l’intérêt de ces lectures croisées qui mettent en lumière les contradictions et les incompréhensions d’un passé qui n’est jamais totalement révolu.
Parmi les livres - Les leçons de l'histoire (T 961)
Among the books—History lessons
Understanding international issues today is about history. Yesterday's knowledge helps to better understand the challenges of tomorrow. Hence the interest of these cross-readings that highlight the contradictions and misunderstandings of a past that is never completely past.
Gardons à l’esprit la remarque de Jean Bodin, dans sa Méthode de l’histoire (1566) : de toutes les louanges adressées à l’histoire, celle qui lui paraît devoir remporter la palme est l’appellation « maîtresse de vie ». « C’est grâce à l’histoire que le présent s’explique aisément, que le futur se pénètre et que l’on acquiert des indications très certaines sur ce qu’il convient de chercher ou de faire. La philosophie elle-même, “guide de la vie”, doit chercher “dans l’histoire les dits, les faits et les enseignements du passé”. Et d’ajouter que l’histoire permet de cumuler ainsi le profit et le plaisir… Ce plaisir est si grand » que celui qui reçoit un jour le tendre baiser de l’histoire ne souffrira plus désormais qu’on l’arrache à sa douce étreinte.
Dates et rendez-vous historiques
Sous la direction de Franz-Olivier Giesbert et Claude Quétel, Une journée particulière (1) s’est donné pour but de décrire les dates clefs de l’histoire du monde. 20 ont été choisies à cet effet. Disons-le d’emblée, il ne s’agit que des événements étroitement circonscrits dans la zone géographique euro-méditerranéenne. Le seul fait qui déborde cette partie de la planète est celui du 12 octobre 1492 lorsque Christophe Colomb découvre l’Amérique, une expression depuis longtemps remise en cause dans les Amériques, lui préférant justement la « rencontre des deux mondes », expression plus égalitaire. Aucune date ne porte sur des régions extra-européennes, Chine, Indes, Asie, Afrique, Amérique latine, comme si ces vastes civilisations n’étaient pas encore « entrées dans l’histoire ». Autre remarque qui n’est pas de détail : 13 des dates choisies portent sur la France, ce qui réduit d’autant la dimension qui se voulait planétaire des maîtres d’œuvre. Il était certes difficile, sinon impossible de décrire l’histoire du monde en 20 dates. Aussi, le choix des auteurs ne manquera pas d’être contesté. Le livre débute avec César franchissant le Rubicon et se termine avec le 11 septembre 2001 de George W. Bush. Dernière remarque : la plupart des dates débutent aux XIVe-XVe siècles avec une prépondérance des XIXe (Austerlitz, 18 Brumaire de Louis-Napoléon Bonaparte) et surtout du XXe siècle de la Révolution russe au « sacre » de François Mitterrand, le 21 mai 1981. Ces deux événements peuvent-ils être mis sur le même pied ? Rien sur la chute de Byzance ou les 95 conditions de Martin Luther ! De même, rien sur les guerres qui ont bouleversé les rapports de force en Europe ! Tout ceci prouve que l’histoire est loin d’être une science exacte et que les choix des hommes sont relatifs. Cela dit, chacune des entrées choisies est traitée avec grand soin. Un récent éditorialiste de L’Opinion, Luc de Barochez, en commentant le 19 décembre 2017 l’arrivée du nouveau Premier ministre autrichien Kurtz, n’a-t-il pas fait référence à la bataille de Kahlenberg, au cours de laquelle, le 12 septembre 1683, la cavalerie de Jean III Sobiewski a mis en déroute l’armée turque forte de 110 000 hommes qui mettait Vienne et le reste de l’Europe en péril.
Sous la direction de David Chanteranne, Les dix rendez-vous qui ont changé le monde (2), dont l’objet est apparemment plus modeste que le précédent ouvrage, cible de plus près l’Histoire, bien que la plupart de ces rencontres, en dehors de celle de César et de Cléopâtre, ne mettent face à face que les souverains ou chefs d’État de l’Europe et de l’Atlantique. Sur ces 10 grands rendez-vous historiques 4 portent sur la Russie (Pierre le Grand et Louis XV, Napoléon et Alexandre Ier, Raymond Poincaré et Nicolas II, Kennedy et Khrouchtchev), 2 portent sur l’Angleterre (François Ier et Henri VIII, lors de la fameuse « rencontre du camps du Drap d’Or », Charles de Gaulle et Winston Churchill.) Notons le jeu de dupes entre Napoléon III et Bismarck à Biarritz durant les premiers jours d’octobre 1865 : durant ces journées, le chancelier de Prusse a obtenu la neutralité de la France à l’égard du conflit qu’elle préparait avec l’Autriche, en échange d’une carte blanche accordée à la France vis-à-vis de l’Italie. Napoléon, qui pensait que Bismarck était moins habile que Cavour, fut bien payé pour sa clairvoyance. Ce fut Sadowa (1866) qui annonçait Sedan (1870).
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