Le « pivot » vers la région asiatique doit devenir une orientation stratégique structurante de la politique étrangère de la France. Cette région va poursuivre sa croissance économique au cours de ce que certains observateurs définissent déjà comme « le siècle de l’Asie ».
Vers une région Indo-Pacifique (T 977)
Towards an Indo-Pacific region
The "pivot" towards the Asian region must become a strategic orientation structuring the foreign policy of France. This region will continue its economic growth during what some observers already define as "the century of Asia".
Le « pivot » vers la région asiatique doit devenir une orientation stratégique structurante de la politique étrangère de la France. Cette région va poursuivre sa croissance économique au cours de ce que certains observateurs définissent déjà comme « le siècle de l’Asie ».
Dans le Livre blanc de la Défense et de la Sécurité nationale de 2013, aucune définition claire n’est donnée de la notion « d’Asie-Pacifique » : sont ainsi utilisés indifféremment les termes « Asie-Pacifique », « Asie » ou « Asie orientale » sans plus d’explications. Historiquement, ce terme désignait un espace économique durant les années 1970, à une période où les pays d’Asie de l’Est asiatique connaissaient des taux de croissance importants. Cette notion est aujourd’hui de nouveau largement utilisée aux États-Unis, avant d’être reprise par les pays européens, mais vise dorénavant à légitimer la présence et l’influence américaine dans cette région (cf. discours d’Hillary Clinton du 14 janvier 2011). Dans l’esprit américain, cette région ne représente géographiquement pas l’Asie et l’océan Pacifique, mais plutôt l’Asie de l’Est, c’est-à-dire la façade Pacifique du continent asiatique. À l’inverse, le Livre blanc n’insiste pas tant sur la façade orientale de l’Asie que sur l’océan Indien et le Pacifique Sud, présentant la France comme « puissance souveraine et acteur de sécurité dans l’océan Indien et dans le Pacifique » (p. 29).
Les priorités de défense de cette région semblent cependant évoluer au gré des interlocuteurs, rendant la définition de la notion « d’Asie-Pacifique » toujours et encore plus floue. À Washington, Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, estimait en 2013 que « la France entend disposer des capacités militaires lui permettant de s’engager dans les zones prioritaires pour sa défense et sa sécurité : la périphérie européenne, le bassin méditerranéen, une partie de l’Afrique – du Sahel à l’Afrique équatoriale –, le golfe Arabo-Persique et l’océan Indien ». Cependant, en Inde deux mois plus tard, le même ministre annonce que « l’Inde est une priorité majeure de notre diplomatie » avant d’ajouter que « les zones prioritaires sont pour nous la périphérie européenne, le bassin méditerranéen, l’Afrique du Sahel à l’Afrique équatoriale, le golfe Arabo-Persique et l’océan Indien, mais aussi plus loin en Asie », participant plus encore à brouiller le message politique porté par la France dans cette région.
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