On évoque souvent le Rwanda pour le génocide de 1994 et pour l’opération Turquoise menée par l’Armée française, dont les objectifs continuent de faire débat près de 25 ans après les faits. De ces événements, la France garde un lien difficile avec le pays des Mille collines, mais cette ancienne colonie allemande, passée sous mandat belge en 1923, est aussi un exceptionnel laboratoire de transition politique et se présente aujourd’hui comme un acteur de poids pour la stabilité et la sécurité de la région des Grands Lacs et, plus largement, de l’Afrique.

Si le processus de réconciliation nationale, nécessaire et dans l’ensemble réussi, y est pour beaucoup, le pays bénéficie également d’un appareil sécuritaire puissant et soumis sans réserve au pouvoir central détenu depuis 1994 par Paul Kagame, personnage charismatique et autoritaire, dont la gouvernance est érigée en modèle par nombre de ses pairs. Entre autres soutiens, Paul Kagame peut compter sur celui, indéfectible, des Forces de défense rwandaises (FDR), issues en droite ligne de la branche armée du Front patriotique rwandais (FPR).

Un militaire à la tête de l’État

Pour saisir le lien entre les FDR et leur Président, il est utile d’observer le parcours militaire de Paul Kagame. Exilé dans sa jeunesse en Ouganda pour fuir (déjà) les persécutions envers les Tutsi, il connaît sa première expérience militaire en 1979, à 22 ans, au sein de la National Resistance Army (NRA). Il luttera avec elle sur le sol ougandais contre le tenant du régime, Idi Amin Dada. Au terme de cette première expérience au front, Kagame se place dans le noyau dur des combattants et se rapproche du nouveau Président de l’Ouganda, Yoweri Museveni.

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