La diplomatie, à l’heure des réseaux sociaux et des tweets, semble remise en cause ou du moins être perçue comme un héritage du « monde ancien ». D’où l’intérêt de cette réflexion sur une pratique essentielle du fonctionnement des États entre eux et qui s’ancre dans une longue tradition historique.
Panorama de la fonction diplomatique depuis ses origines (T 1046)
Panorama of the diplomatic function from its origins
Diplomacy, in the age of social networks and tweets, seems questionable or at least perceived as a legacy of the "old world". Hence the interest of this reflection on an essential practice of the functioning of the States between them, which is anchored in a long historical tradition.
Note préliminaire : Cet article est inspiré de l’ouvrage de Raoul Delcorde : Le métier de diplomate ; Éditions Académie Royale de Belgique, 2018 ; 129 pages.
Aux origines de la fonction diplomatique
Au XVIIe siècle, François de Callières, diplomate auprès de Louis XIV, est le premier à théoriser le métier de diplomate où la négociation tient une place primordiale. Elle doit faire l’objet d’un apprentissage spécifique. Des écoles sont ouvertes comme l’Académie politique de Jean-Baptiste Colbert de Torcy (diplomate) et l’École de Jean-Daniel Schoepflin (historien). On y étudie le droit international public, le droit naturel, les langues étrangères. Les élèves sont issus de l’aristocratie européenne. Au XIXe siècle, cet enseignement s’uniformise au sein des universités, parcours aboutissant à un concours. La diplomatie requiert un savoir-faire spécifique mélangé à des connaissances précises sur la situation d’un pays, son histoire, sa vie politique. La diplomatie demande d’équilibrer les positions de chacun et d’admettre que rien n’est jamais acquis. Le diplomate apprend sans cesse.
L’idée que la diplomatie soit un métier fait donc son chemin à partir du XVIIIe siècle, bien qu’elle ne reste qu’une fonction, à défaut d’être une véritable institution. Au début du XIXe siècle, le ministère des Relations extérieures (fondé sous la Révolution) abrite 70 fonctionnaires et définit les catégories du personnel (attachés, secrétaires, ministres, ambassadeurs). Le corps diplomatique cesse d’être aristocratique après 1870, pour être issu de la fonction publique, institutionnalisée avec la mise en place de concours.
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