La dégradation de la situation économique est telle au Venezuela que la piraterie maritime s'y développe de plus en plus. Et si elle s'exportait vers les Caraïbes, elle serait un bon prétexte pour les États-Unis de Donald Trump d'intervenir.
L’avatar maritime d’une faillite économique : la piraterie au Venezuela (T 1047)
The maritime avatar of an economic bankruptcy: piracy in Venezuela
The deterioration of the economic situation in Venezuela is such that maritime piracy is developing more and more. And if it were exported to the Caribbean, it would be a good excuse for the Donald Trump's America to intervene.
Tout le monde se souvient des actes de piraterie perpétrés au large de la Somalie dans la première décennie des années 2000. Ils faisaient suite à la faillite du pays et ils avaient provoqué en retour l’intervention des forces navales des grands pays de la communauté internationale dont ils menaçaient le commerce maritime (cf. T. Brouck, D. Woodside et V. Roux). Or, une situation à bien des égards comparable prévaut actuellement au Venezuela. Beaucoup moins médiatisé, peut-être en raison de la position géographique excentrée du pays, les sources à son sujet sont peu nombreuses : à peu près exclusivement rédigées en anglais ou espagnol, elles sont constituées pour l’essentiel par des témoignages ou des articles de journaux.
Il nous a donc paru essentiel d’analyser et de faire mieux connaître un phénomène qui met en danger la paix des pays riverains du Venezuela, ainsi qu’à terme la stabilité de l’ensemble de la région.
Une piraterie, fille de la pauvreté
La piraterie au Venezuela est la conséquence directe de l’effondrement économique que connaît le pays depuis l’accession au pouvoir de Hugo Chavez en 1998 et surtout, quinze ans après celle de son successeur Nicolás Maduro. Trois données illustrent bien l’étendue de ce désastre. L’hyperinflation devrait atteindre 1 000 000 % à la fin de l’année en cours, chiffre comparable à ceux de l’Allemagne de 1923 et du Zimbabwe de la fin des années 1980 (cf. N. Casey). Le produit intérieur brut s’est effondré de 45 % au cours des cinq dernières années. Enfin, la production pétrolière, jadis principale richesse d’un pays assis sur une des plus vastes réserves mondiales d’or noir mais dorénavant minée par l’inefficacité, la gabegie, la corruption et le manque d’investissements, est passée de 3 millions de barils/jour à 1,5 million entre avril 2017 et mars 2018 alors que, selon les estimations et l’absence de chiffres officielles, elle représentait 25 % du produit intérieur brut (cf. M. De Vergès). Pour la population, la situation qui en résulte prend des allures de catastrophe humanitaire et dans certains domaines de retour au Moyen-Âge (santé). Nourriture, électricité, eau courante et médicaments, tout manque aux Vénézuéliens dont le taux de mortalité infantile dépasse désormais celui de la Syrie (cf. J.-C. Catalon).
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