La carte militaire est à la fois l’héritière d’une histoire relevant de la stratégie de défense et de choix politiques complexes. Les récentes restructurations ont eu des impacts non négligeables souvent mal perçues en amont et déstabilisateurs pour certains territoires fragiles.
Réformes de la carte militaire : quelle ampleur régionale ? (T 1048)
Reforms of the military map: which regional scale?
The military map is both the heir to a history of defense strategy and complex political choices. Recent restructurings have had significant impacts, often badly perceived upstream and destabilizing for certain fragile territories.
Cet article apporte une vision chiffrée des conséquences régionales des réformes successives de la carte militaire en France et en particulier celle de 2008. La répartition des effectifs est inégale d’un point de vue géographique, tout comme la contribution relative des territoires aux réformes. Cet article vise à apporter un regard empirique chiffré sur l’ampleur du phénomène en jeu. Depuis la fin des années 1980 à aujourd’hui, trois mouvements de réformes de grande ampleur ont affecté le format des armées : le plan Armées 2000 à partir de 1989, la fin de la conscription et la professionnalisation à partir de 1996 et enfin, la refonte de la carte militaire et la mise en place des bases de défense (BDD) à partir de 2008.
D’un point de vue géographique, les forces armées sont historiquement regroupées dans le quart Nord-Est du pays car la menace, jusqu’au début des années 1990, était identifiée à l’Est sur le plan stratégique (Regrain, 1988). La fin de la guerre froide, l’émergence de nouvelles menaces terroristes et le développement des opérations extérieures ont remis en cause ce paradigme. À ce titre, le Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale de 2013 reconnaît l’existence d’un « arc » d’influence de la France, autour du bassin méditerranéen, l’Afrique sahélienne, le golfe Arabo-Persique et l’océan Indien (p. 53-57). La Revue stratégique de défense et de sécurité de 2017 confirme ces orientations (p. 21-23).
Afin de satisfaire les nouveaux objectifs opérationnels liés à la projection de forces, une réorganisation géographique de la défense était nécessaire (Pellegrin, 2010). Cette réorganisation est concomitante à une réduction en valeurs réelles du budget de la Défense et d’une augmentation des coûts d’acquisition et de maintenance des matériels, l’essentiel des efforts d’économies portant plutôt sur les dépenses de fonctionnement. On assiste alors à une concentration géographique des effectifs.
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