L’activisme russe en Centrafrique obéit à des objectifs précis visant d’une part à accaparer les richesses du sous-sol et d’autre part à évincer la France, celle-ci étant peu encline à engager un effort significatif pour soutenir un régime dont la gouvernance laisse à désirer.
La Centrafrique : un pays écartelé entre influences française et russe (T 1051)
The Central African Republic: a country torn between French and Russian influences (T 1051)
Russian activism in the Central African Republic has specific objectives aimed in part at capturing the riches of the subsoil, as well as at the expense of ousting France, which is reluctant to make a significant effort to support a regime whose governance leaves something to be desired.
La République centrafricaine (RCA) demeure aujourd’hui l’un des pays les plus pauvres d’Afrique. La situation du pays qui peut se résumer par une extrême pauvreté malgré de nombreuses ressources (pétrole, uranium, diamants, etc.) laisse à voir un réel paradoxe. La Centrafrique est un pays à la fois instable politiquement et dont la richesse des ressources inexploitées est une aubaine pour les puissances extérieures. En octobre 2017, le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra s’est rendu à Sotchi en Russie pour rencontrer le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov. La visite avait pour objectif de demander le soutien de la Russie auprès des Nations unies dans le cadre d’une levée temporaire de l’embargo sur les armes à destination de la Centrafrique (cf. P. Pabandji). Le président Touadéra a également obtenu, de manière informelle, la fourniture d’armements et de véhicules pour les Forces armées centrafricaines (Faca). Le Comité de sanctions de l’ONU a accepté cette demande de dérogation sur l’embargo des armes en Centrafrique et, le 26 janvier 2018, un premier cargo militaire a atterri dans la capitale de Bangui (cf. E. Kroutikov).
Traditionnellement, la RCA est une terre d’influence française de par son statut d’ancienne colonie. Les récents événements ont ravivé un foyer de tensions, digne de la guerre froide, entre la France et la Russie qui entend asseoir son soft power sur le Continent noir.
Un rapport historique Centrafrique/France en difficulté
La Centrafrique a déclaré son indépendance le 13 août 1960 et est depuis restée en relation avec la France dans le cadre de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). La France a gardé un pied à terre dans la région. Elle a déclenché en 2013, la mission Sangaris pour pacifier les relations entre la Séléka (coalition rebelle musulmane) et les anti-Balaka (mouvement anti-Séléka de confession chrétienne) : environ 2 500 militaires français pour une population située entre 5 et 6 millions sur un territoire de 622 984 km2. Cette opération qui a pris fin en 2016 a permis la tenue d’élections légales emmenant le président Touadéra au pouvoir. Président qui n’a cependant pas tenu son rôle, selon certaines critiques, dans l’espérance politique française d’une meilleure coopération entre les deux pays. La France, soutenue par l’Union européenne, a entrepris la formation des Faca même si ceux-ci sont trop peu institutionnalisés pour assurer la sécurité dans le pays. En effet, la Centrafrique reste un État failli dont seule la région autour de la capitale Bangui semble être à peu près contrôlée. L’Armée française a gardé un contingent d’environ 150 militaires à Mpoko depuis la fin de l’opération Sangaris en 2016, un quartier aux alentours de l’aéroport de Bangui. En effet, la Centrafrique ne fait pas partie des priorités diplomatiques de la France et demande un important investissement financier et humain qui ne serait pas rentable.
Il reste 72 % de l'article à lire