Le Centenaire de la Grande Guerre est aussi l’occasion de se replonger dans les mémoires de Sir Edward Spears, officier de liaison avec la Ve Armée française. Il est intéressant de voir que le Britannique est impressionné par les qualités du soldat français et sa faculté à s’adapter. Hier comme aujourd’hui, c’est un motif de fierté… comme notre langue, trop souvent abandonné au profit de la langue de Shakespeare et des anglicismes.
L’Armée française en 1914 vue par un officier britannique… et quelques réflexions actuelles (T 1053)
The French Army in 1914 as seen by a British officer… and some current reflections
The Centenary of the Great War is also an opportunity to immerse ourselves in the memory of Sir Edward Spears, liaison officer with the French Fifth Army. It is interesting to see that the Brit is impressed by the qualities of the French soldier and his ability to adapt. Just as it was yesterday as it is today, it is a motive of pride ... like our language, too often abandoned in favor of the language of Shakespeare and Anglicisms.
En 1932 paraissait En liaison 1914, mémoires de Sir Edward Spears relatives à la Grande Guerre. L’auteur, alors capitaine de hussards anglais, était officier de liaison auprès de la Ve Armée française, la plus au nord de la ligne de bataille face à l’immense faux du Plan Schlieffen. Le but du livre, explique l’auteur, est de battre en brèche l’idée selon laquelle les Anglais se seraient insuffisamment battus. Il fut ainsi choqué, lors d’une visite du Sénat pendant l’entre-deux-guerres, d’entendre les sénateurs français raconter que l’appoint anglais avait été négligeable jusqu’en 1916. Mais un lecteur français y verra autre chose, car le capitaine Spears aura surtout laissé de fort intéressantes observations sur l’Armée française en général et le soldat français en particulier. Comme il le dit lui-même, « vivant au milieu des Français, j’ai eu plus d’occasions d’apprécier leurs qualités que la plupart des Anglais. »
Cet article veut d’abord rendre hommage à ceux qui se battirent il y a cent ans, en rappelant le beau portrait qu’en fit un officier allié profondément francophile. Son amitié pour la France, qu’elle soit bienveillante ou plus critique, transparaît constamment au fil des pages. Dans un style inimitable, Spears raconte sa vision d’un certain art français de la guerre qui ne laissera pas indifférent. Or justement, ce qu’a pu ressentir un officier britannique il y a cent ans continue de nous parler aujourd’hui. Car, en arrière-plan de ce portrait, les observations de Spears devraient nous inciter à questionner certaines de nos pratiques actuelles alors que nous disposons d’un héritage culturel unique qui mérite d’être reconnu, transmis et surtout apprécié.
Edward Spears et la France
Bien que jeune officier subalterne, les états de service de Spears le prédisposaient à avoir pour interlocuteurs principaux les généraux Lanrezac puis Franchet d’Esperey – après que le premier eut été limogé par Joffre – et Sir John French : parfaitement francophone, il était déjà détaché à l’État-major des armées à Paris lorsque la guerre éclata, et connaissait déjà les rouages de l’administration militaire française.
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