Espace fertile, terreau de l’idéologisation et de l’embrigadement des forces pour les mouvements contestataires, le milieu urbain constitue un terrain de prédilection des combattants armés engagés dans des luttes insurrectionnelles ou de soulèvement populaire. Il entretient la confusion entre la population civile et le combattant insurgé, nivelant ainsi la domination technologique et capacitaire des armées régulières modernes organisées. Le milieu urbain est et restera toujours défavorable à l’assaillant.
Du milieu urbain comme espace d’affrontement : enjeux et défis (T 1069)
On the urban environment as an area of confrontation: issues and challenges
A fertile space, a breeding ground for the ideology and recruitment of forces for protest movements, the urban environment is a favorite terrain for armed foces engaged in insurrectional battles or popular uprsisings. It maintains the confusion between the civilian population and the insurgent combatant, thus leveling the techonological domination and capability of redular, modern, organized armies. The ubran environment is and will always remain unfavorable to the assailant.
Les guérillas d’opposition mettent en œuvre des stratégies visant généralement à tenir le plus longtemps possible les localités afin d’infliger le plus de pertes à l’assaillant, qu’il soit étatique, rival ethnique ou politique. L’objectif est d’infléchir le rapport de force dans les négociations ou d’imposer son contrôle sur le territoire urbain qu’il occupe. La guérilla, en règle générale, poursuit un objectif politique : renverser une autorité contestée et jugée illégitime. Pour ce faire, elle combat bien souvent avec de faibles moyens militaires, très mobiles et bénéficiant de l’effet de surprise tout en concentrant et dispersant fortement ces moyens sur un temps court. Confronté à cette guérilla urbaine, l’assaillant qui tente de reprendre le contrôle du milieu cherche, quant à lui, à disloquer ou à séparer les combattants des civils, et même les combattants entre eux, visant à semer la confusion, à rompre leur moral ainsi que leur volonté de combattre et de tenir.
Le centre de gravité dans un conflit se déroulant en milieu urbain réside dans le moral des combattants, qu’ils soient attaquants ou défenseurs, forces de blocus ou assiégés. Les populations, éléments clés dans ce genre d’intervention, bien que prises en otages par le conflit puisque faisant partie intégrante du théâtre des opérations, doivent faire l’objet d’une réelle prise en compte au plan stratégique comme au plan tactique. Couper le lien avec les combattants qu’elles hébergent, nourrissent et soignent, réduire le soutien qu’elles apportent aux leaders représentants des groupes armés insurgés, sont des préalables à atteindre pour emporter la victoire. D’où la nécessité de mener des opérations d’influences ou opérations psychologiques, auparavant appelées actions civilo-militaires, et qui s’ancrent de plus en plus dans l’approche globale, interservice et impliquant de multiples acteurs non-militaires. Exemple de la prise de conscience du volet influence/communication dans les conflits modernes, la création du Centre interarmes des actions environnementales basé à Lyon (2012) et le renforcement des moyens de guerre psychologique aussi bien chez les forces spéciales que dans les directions du renseignement et dans les PC de forces qui disposent de bureau Psyops (opérations psychologiques).
Par ailleurs, la généralisation du combat urbain nous amène à nous interroger sur les axes d’amélioration du volet cyber des opérations militaires, postulant que l’usage de techniques offensives (hacking à des fins d’entrave, de dissuasion ou de manipulation) permet de reprendre une part de l’autonomie, de liberté d’action et de la latitude décisionnelle dans le choix des armes de la guerre que le terrain urbain contraint par nature. Dans les années à venir, le domaine cyber pourrait devenir le moyen de retrouver l’autonomie et la supériorité des forces armées françaises dans le cadre d’un terrain urbain contre un adversaire qui profite de la démocratisation des moyens de communication et des moyens technologiques de nuisance (drones commerciaux et véhicules piégés permettant de réaliser des attentats low-cost) tout en observant et étudiant nos modes opératoires.
Il reste 75 % de l'article à lire