La guerre utilise à la fois la très haute technologie et la plus grande rusticité, entre des modes d’actions sophistiqués et des engagements où seule la force brute est utilisée. Cela signifie le besoin de couvrir un éventail de plus en plus large et toujours plus complexe pour répondre aux exigences du combat actuel et à venir.
La guerre « rustique » : du KO technique… au knock-down ? (T 1071)
The "rustic": war: on the KO technique… to the knock-down?
War uses both very high technology and the greatest rusticity, between sophisticated modes of operation and commitments where only brute force is utilized. This means the need to cover an increasingly wider and ever more complex range to meet the demands of the current and future combat.
L’étymologie latine du mot « rustique » nous apprend que ce terme est viscéralement lié à la campagne (rus), un milieu dont on considère que les conditions de vie sont simples, dures et détachées de tout confort par opposition à l’urbs romain, la ville qui représente sous Rome le lieu par excellence de la modernité voire de la civilisation.
Les outils de la guerre connaissent depuis le premier silex taillé une évolution univoque, celle d’une technicité toujours plus approfondie avec pour triple conséquence : la conquête de tous les milieux et la création même de nouveaux milieux comme le cyberespace ; une efficacité et des performances toujours plus redoutables conformes à la devise olympique, « Citius, altius, fortius » ; enfin, des coûts en croissance exponentielle au risque d’un épuisement économique.
De la dépendance au progrès technique au KO technique…
Cette évolution a pour conséquence d’obliger les États à entrer dans une course sans fin, celle de la recherche d’équipements innovants afin de préparer la guerre de demain leur permettant d’avoir un temps d’avance sur leurs ennemis (cf. RDN n° 810, mai 2018) (1). Ceux qui ne concourent pas, décrocheront et ne seront plus considérés comme des puissances respectées ; ils seront des États vassaux au sein d’alliances militaires ou des États de seconde zone dominés et sujets à des troubles politiques intérieurs. Pour les États messianiques et pour ceux soucieux de leur indépendance, cette course crée une dépendance incontournable au progrès technique. Toutefois, jusqu’à récemment, cette dépendance s’inscrivait dans la mise en œuvre d’armements conçus, fabriqués et manœuvrés, ou, à tout le moins, contrôlés par l’homme.
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