Après la Seconde Guerre mondiale et durant la guerre froide, les dirigeants de l'URSS ont créé des situations géopolitiques pour affaiblir les revendications nationales des pays sous leur tutelle. Aujourd'hui, pour maintenir l'équilibre face à l'Occident (Europe et États-Unis), la Russie de Vladimir Poutine use subtilement divers moyens d'influence afin d'entretenir des minorités qui pourraient durablement déstabiliser leur pays (Géorgie, Ukraine, Moldavie, Azerbaïdjan…) : une solution efficace et à moindre coût.
Stratégies du Smart Power russe dans les États non-reconnus par la communauté internationale (T 1073)
Russian Smart Power strategies in the states not recognized by the international community
After World War II and during the Cold War, the leaders of the USSR creates geopolitical stations to weaken the national claims of countries under their guardianship. Today, to maintain equilibrium against the West (Europe and the United States, Vladmir Putin's Russia subtly uses various means of influence in order to maintain minorities that could permanently destabilize their country (Georgia, Ukraine, Modova, Azerbaijan…): an effective solution at a lower cost.
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, et poursuivant sa vision d’un monde et plus particulièrement d’une Europe soviétique unifiée, l’URSS a instauré une monnaie unique, supprimé les frontières, imposé la pratique du russe comme langue supranationale et mis à mal l’idée de souveraineté nationale. Contrairement à l’Union européenne, dont les fondations reposent sur des bases démocratiques et le choix des peuples à vivre ensemble, l’Union soviétique avait adopté une stratégie singulière qui visait à empêcher l’émergence des tendances nationalistes.
La division des peuples pour affaiblir les revendications nationales était une constante de la dynamique interne de l’URSS. Dans le cas de la Moldavie, qui pouvait revendiquer un rapprochement avec la Roumanie dont elle est culturellement proche, Staline décida de lui rattacher la Transnistrie tout en amputant l’accès du pays à la mer Noire, de manière à légitimer l’usage du russe comme langue nationale et créer des tensions artificielles au sein de l’État moldave.
Le rattachement de la Transnistrie à la Moldavie plutôt qu’en Ukraine légitimait dès lors la mise en place dans les institutions moldaves de l’alphabet cyrillique à la place de l’alphabet latin. La (sur)industrialisation de cette région par rapport au reste de la Moldavie, dont l’industrie se limitait à la production du vin, contraste avec le souhait de développer l’ensemble des régions du pays. La stratégie de Staline était objectivement simple, et visait à développer la Transnistrie afin de faire comprendre aux Moldaves qu’en cas de rapprochement avec la Roumanie, il y aurait de lourdes conséquences économiques à la clé. Avec subtilité, Moscou ne manqua pas non plus de positionner en Transnistrie de nombreux entrepôts militaires, de manière à rappeler qu’en cas de rapprochement entre la Moldavie et la Roumanie, le plomb s’ajouterait probablement à la perte de la puissance industrielle avec le départ de la Transnistrie.
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