À propos des ouvrages de Jean d’Ormesson, Un hosanna sans fin, Éd. Héloïse d’Ormesson, 2018 ; 128 pages et de Franz-Olivier Giesbert, La dernière fois que j’ai rencontré Dieu, NRF Gallimard, 2018 ; 192 pages.
Parmi les livres - Jean d’O, FOG et le bon Dieu (T 1084)
Among the books—Jean d'O, FOG, and the good God
On the world of a Jean d'Ormesson, Un hosanna sans fin (An Endless Hossanah), Ed. Héloïse d’Ormesson, 2018 ; 128 pages and from Franz-Olivier Giesbert, La dernière fois que j’ai rencontré Dieu (The Last Time I Met God) NRF Gallimard, 2018 ; 192 pages.
Jean d’Ormesson et Franz-Olivier Giesbert nous parlent de Dieu. Chacun à sa manière, et celle de l’un n’est pas celle de l’autre. Jean d’O vit dans l’espérance, comme l’annonce son titre : Hosanna, « Sauve-moi, je t’en prie ». FOG se contente, avec humilité, de « cet état béat » qui est le sien, et le recommande à tout un chacun, affirmant en exergue que les non-croyants ne savent pas ce qu’ils ratent.
Commençons donc par cet aimable propagandiste. Il n’est pas avare de bons mots. Ainsi celui-ci, qui ouvre le chapitre IV : « Je ne crois pas à la résurrection. Quand on meurt, c’est pour la vie », ou celui-là, de la même veine : « De nos jours, on est tellement sûr d’être éternel qu’on meurt sans le savoir ». Franz-Olivier Giesbert, on le voit, n’aime guère notre temps, ni « le chaos morose de la modernité ». Il nous rabat vigoureusement le caquet, faisant l’éloge de l’antispécisme, attitude inverse de notre orgueilleux humanisme, « vieille idéologie mortifère ». Épicure, autodidacte végétarien, est son pote. Nietzsche aussi, dont il tient Le gai savoir pour le chef d’œuvre absolu et qui s’abîma, jusqu’à sa mort, dans un silence de plus de onze ans pour avoir vu un cocher coléreux fouetter son cheval. François d’Assise « saint et voyou », est aussi de ses copains. L’Inde le séduit, paradis des animaux, mais paradis non vertueux puisque ce qui le fonde, c’est la perspective de réincarnations aléatoires. Pour autant, n’allez pas croire que FOG l’antispéciste soit un austère personnage : il dit avoir rejoint la confrérie des Ouktamal et s’accorder plusieurs siestes par jour. Ah ! le brave homme.
Jean d’Ormesson, dont la fille a pris l’heureuse initiative de cette publication posthume, n’est pas aussi brave homme que FOG. La grande question le taraude : Que sais-je ? Réponse : tout, sauf l’essentiel, ce qu’on fait ici. Et encore, quoi donc, avant notre vieux Big Bang, derrière le mur de Planck, soit durant dix à quatorze milliards d’années ? Quoi après, jusqu’à l’apparition de la vie ? Personne pour le voir, « un grand avenir se prépare en silence ». Et voici que « les hommes » découvrent que chacun d’eux va mourir ; « la pensée crée le monde une deuxième fois ». La pensée ? Autant dire la conscience de soi. Or la pensée, ou la science si vous préférez, « pourra-t-elle, un jour, sur notre avenir le plus lointain, sur notre destin après la mort, nous en apprendre un peu plus ? La réponse est : Non ! ». Tout, donc, serait vain ? Pas sûr. « Tout ce que je peux faire, conclut Jean d’Ormesson, c’est exprimer un sentiment : ce que j’aimerais, par-dessus tout, c’est que, sous une forme ou une autre, j’hésite beaucoup sur ce point, Dieu existât (…) Si espérer qu’il existe, c’est déjà croire à Dieu, alors oui, je crois à Dieu (…) C’est comme un coin de ciel bleu au terme d’une journée plutôt sombre ». ♦