Le groupe terroriste Boko Haram ne cesse de poursuivre son oeuvre de déstabilisation et de violence dans la région sahélienne en essayant d’élargir notamment sa zone d’action vers le lac Tchad, au risque de fragiliser les États riverains eux-mêmes déjà confrontés à de grandes difficultés intérieures.
Lutte contre Boko Haram : comprendre le regain des violences autour du lac Tchad (T 1097)
Fight against Boko Haram : Understand the Renewed Violences around Lake Tchad
The terrorist group Boko Haram continues to pursue its work if destabilization and violence in the Sahel region by trying to expand its zone of action to Lake Chad, at the risk of weakening riparian states who have already experienced great internal difficulties themselves.
Depuis 2015, le rapport de force contre Boko Haram sur le plan conventionnel est favorable aux États. Mais la guerre d’usure s’est installée autour du lac Tchad. Harcelées, les populations placées entre forces de défense et combattants insurgés paient le plus lourd tribut : elles doivent fournir les informations (renseignements) aux forces de défense, et s’organiser en comités de vigilance au risque de représailles djihadistes. Lorsque leur coopération est jugée insuffisante, elles s’exposent à des retentions administratives. Les populations subissent donc indifféremment les exactions des forces de sécurité et des insurgés. Néanmoins, l’action de l’armée est remarquable, même si elle n’est pas totalement satisfaisante au regard du regain des violences.
S’il importe de mettre en balance les effets positifs et négatifs d’une sur-militarisation de la réponse à Boko Haram depuis 2015 ; il faudrait néanmoins relever que la mutualisation des forces dans le cadre de la Force multinationale mixte (FMM) crée une accalmie. Ce contexte n’est-il pas propice au déroulement de la phase II de la FMM, dont les opérations civiles et des initiatives de développement ? Somme toute, la lutte contre Boko Haram connaît trois écueils : l’attentisme de la communauté internationale, des inattendus sociopolitiques et la méfiance entre États parties au conflit, d’où le regain des violences.
Une résolution du Conseil de sécurité attendue depuis 2015
Depuis le 21 janvier 2015, N’Djamena abrite le quartier général de la FMM dont le mandat prévoit deux volets : militaire et civil. Le concept d’opération de la Force fut transmis au Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine pour approbation ; puis au Conseil de sécurité des Nations unies le 4 avril 2015 qui, conformément à l’article 52 de la Charte * devait vérifier la compatibilité de l’objet recherché par la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT) avec les buts des Nations unies. La Charte de l’organisation reconnaît aux organismes régionaux la compétence à régler les affaires touchant au maintien de la paix et de la sécurité internationale. Depuis 2015 et la transmission du dossier au Conseil de sécurité des Nations unies, rien n’a été fait.
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