Le 1er septembre 1939, l’Allemagne nazie envahissait la Pologne. C’était le début de la Seconde Guerre mondiale. Personne ne pouvait alors imaginer l’apocalypse qui allait suivre avec une guerre totale où la volonté d’annihiler et de détruire des peuples entiers était sous-jacente de l’idéologie du Troisième Reich.
De septembre 1939 à septembre 2019 (T 1107)
From September 1939 to September 2019 (T 1107)
On September 1, 1939, Nazi Germany invaded Poland. This was the beginning of World War II. No one could imagine the apocalypse that would follow with an all-out war in which the desire to annihilate and destroy an entire peoples was the underlying ideology of the Third Reich.
Depuis le début du mois de juin de cet été très chaud, les commémorations se sont succédé. Ainsi, elles ont permis de rappeler les 75e anniversaires du débarquement de Normandie, de la terrible bataille dans le bocage normand, des représailles nazies comme à Tulle ou à Oradour-sur-Glane, du débarquement de Provence où les soldats français ont été très largement engagés et enfin des libérations progressives des villes de notre pays, avec en point d’orgue la Libération de Paris, événement autant politique que militaire.
Cependant, il ne faudrait pas oublier le 80e anniversaire du déclenchement du conflit le plus meurtrier de l’histoire de l’humanité.
En effet, après une campagne de propagande habilement conduite et appuyée par le Pacte de non-agression germano-soviétique, signé le 23 août à Moscou entre Ribbentrop et Molotov sous le regard cruel de Staline, Hitler faisait envahir la Pologne le 1er septembre 1939 à 4 h 45 du matin, prétextant une agression contre un émetteur radio situé à la frontière. Dès lors, le mécanisme diplomatique et militaire était inéluctable. Ce même jour, la France décrétait la mobilisation générale et les affiches quasi identiques à celles de l’été 1914 étaient placardées dans toutes les communes du pays, avec, inscrite à la plume, la date de ralliement fixée aux citoyens appelés. Pour la première fois, il y était fait mention de l’Armée de l’air, récemment créée.
Contrairement à 1914, où l’Europe était une somnambule face à la montée des périls et où l’attentat du 28 juin à Sarajevo n’avait pas été perçu comme le détonateur, en 1939, hélas, tout était prêt pour cette guerre. L’ambiance générale poussait à la confrontation, même si les Accords de Munich en 1938 avaient semblé repousser l’échéance, au grand soulagement lâche de Paris et de Londres.
Les armées s’estimaient prêtes au combat, même si la montée en puissance des chaînes d’assemblage des chars et des avions avait été plus tardive en France qu’en Allemagne. Nos états-majors se montraient confiants dans leur supériorité et les plans révisés avec minutie devaient nous permettre de contrer la menace nazie.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la RDN est née au printemps de cette funeste année 1939. Besoin de réflexions stratégiques ? Besoin de renforcement de l’esprit patriotique, aujourd’hui esprit de défense ? Besoin de renforcer une doctrine tactique qui s’avérera obsolète ? Une certitude a été la nécessité de réfléchir et de préparer les engagements futurs. La relecture des numéros allant de mai 1939 à juin 1940 est à cet égard passionnante, avec l’analyse des engagements en Pologne et des facteurs de supériorité des forces allemandes. Les leçons tirées étaient pertinentes mais hélas sans qu’elles aient été appliquées à partir du 10 mai.
Sur le plan diplomatique, il est très curieux de constater la volonté des acteurs, y compris nazis, de respecter les formes tout en frappant les populations civiles et ce, dès le début septembre. En effet, dans la tactique mise en œuvre par la Wehrmacht appuyée par la Luftwaffe, la guerre est d’emblée totale, les civils faisant partie des cibles à frapper.
C’est d’ailleurs l’une des grosses différences avec l’été 14, où les batailles n’impliquaient que les soldats. En 1939, les aviations sont désormais mâtures, tout comme les modes d’actions qui visent les centres de gravité de l’adversaire et intègrent les populations comme acteurs à frapper. Les guerres civiles en Russie, les tentatives de révolution marxiste en Europe et la guerre d’Espagne sont passées par là, avec une implication croissante des civils.
Il est donc essentiel en ce 80e anniversaire de se rappeler le précipice apocalyptique qui allait suivre le 1er septembre 1939. Les conséquences marquent encore notre continent et l’organisation des relations internationales. L’Europe reste profondément blessée même si la construction européenne a été essentielle et facteur de paix. Mais ça et là, les cicatrices demeurent. Ce sont la Grèce ou la Pologne réclamant des indemnités en réparation. C’est l’utilisation des extrémismes populistes dans certains États européens. C’est l’instrumentalisation des milices pro-nazies ukrainiennes dans le conflit du Donbass aujourd’hui…
Il faut poursuivre le travail historique autour du sombre été 1939 pour mieux appréhender les défis de demain dans un environnement stratégique international particulièrement complexe, où les rapports de force sont à nouveau le mode de fonctionnement des relations entre les différents États. ♦