L’Europe connaît aujourd’hui une montée des tensions à ses frontières. Pour y faire face, certains pays ont opté pour le retour du service militaire traditionnel. D’autres, comme la France, se tournent plutôt vers un service national civil. Après la presque disparition de la conscription, on pourrait ainsi assister à la naissance du service militaire 2.0.
Le service militaire en Europe, entre déclin et renouveau (T 1112)
Military service in Europe: Between Decline and Renewal
Europe is experiencing rising tensions at its borders. In order to cope with this, some countries have opted for the return of traditional military service. Others, like France, are turning to a service of national civility. After the near disappearance of conscription, we could witness the birth of military service 2.0.
Dans un article de L’Opinion du 14 septembre 2016, Jean-Dominique Merchet constatait « Le déclin mondial du service militaire obligatoire ». Un déclin notamment très marqué en Europe où nombre de pays ont aboli leur service militaire depuis le début du XXIe siècle : l’Espagne en 2001, la Slovénie en 2004, l’Italie en 2006, la Pologne en 2008, la Suède en 2010, l’Allemagne en 2011, etc. Pourtant, les pays européens sont de plus en plus nombreux à se questionner sur le rétablissement d’un service national obligatoire. La Lituanie a déjà sauté le pas en 2015 et a rapidement été suivie par la Suède en 2017. La France a, quant à elle, lancé en juin 2019 la phase pilote du Service national universel (SNU). La roue serait-elle aujourd’hui en train de tourner pour leservice militaire en Europe ?
Tel pourrait être le sentiment des citoyens européens qui constatent la résurgence de la question d’un service national dans plusieurs pays d’Europe. Mais si cette question intéresse de plus en plus nos politiques, elle ne doit toutefois pas être mésinterprétée. Ceux qui pensent que le service militaire fait son grand retour en Europe pourraient bien faire fausse route. Plusieurs services obligatoires demeurent, naissent ou sont envisagés en Europe, mais ne répondent pas toujours à un besoin militaire, et peuvent s’avérer bien différents du sacro-saint service militaire que ces pays ont connu au cours de leur histoire. Plusieurs cas de figure sont donc à distinguer.
La persistance du service militaire en Europe
Une première catégorie de pays européens ne peut aborder le service national que sous l’angle militaire. La conscription est pour eux une nécessité puisqu’elle leur permet de disposer de forces armées suffisantes à la défense de leur territoire. C’est le cas de l’Autriche, de Chypre, du Danemark, de l’Estonie, de la Finlande, de la Grèce, de la Norvège, ou encore de la Suisse. Grâce au service militaire obligatoire, l’armée estonienne peut ainsi profiter du concours d’autant de conscrits (engagés pour une durée de 8 à 11 mois) qu’elle dispose de militaires professionnels, soit 3 300 hommes. L’armée finlandaise de 280 000 hommes dispose, elle, d’une force d’appoint de 21 000 conscrits engagés pour une période d’au moins 6 mois.
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